Lavigerie estimait qu'il était possible d'amener les
indigènes à se rapprocher de nous et à vivre avec nous en
bonne intelligence. Il voyait dans l'islam le grand obstacle
qui les sépare de nous, et pensait que, tout en respectant
scrupuleusement leurs croyances, nous faisions fausse route
en fortifiant cet obstacle. En sa qualité d'évêque, il
estimait que la meilleure façon d'arriver à la
francisation des indigènes, c'était leur conversion au
christianisme; c'est sur ce point qu'il entra de suite en
conflit avec le pouvoir civil.
Mais il était trop avisé pour ne pas connaître les
inconvénients, les dangers des excès de zèle et de
prosélytisme vis-à-vis des musulmans. Il interdisait à
ses prêtres de baptiser les enfants sans le consentement de
leurs parents, les adultes sans sa propre autorisation. Il
leur prescrivait surtout de prêcher d'exemple, de montrer
aux indigènes ce que sont les vertus chrétiennes et
françaises, de soulager leurs misères physiques et
morales. |