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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
A deux reprises, Lavigerie écrivit à l'Empereur, puis il se rendit à Paris pour le voir; il ne fut pas reçu, mais prit le train pour Biarritz où il rejoignit le souverain et réussit à le convaincre. Napoléon III lui fit écrire par le maréchal Niel, ministre de la guerre : « Croyez, Monseigneur, que le gouvernement n'a jamais eu l'inten­tion de restreindre vos droits d'évêque et que toute latitude vous sera laissée pour étendre et améliorer les asiles où vous aimez à prodiguer aux enfants abandonnés, aux veuves et aux vieillards les secours de la religion chrétienne. »
 

Lavigerie estimait qu'il était possible d'amener les indigènes à se rapprocher de nous et à vivre avec nous en bonne intelligence. Il voyait dans l'islam le grand obstacle qui les sépare de nous, et pensait que, tout en respectant scrupuleusement leurs croyances, nous faisions fausse route en fortifiant cet obstacle. En sa qualité d'évêque, il estimait que la meilleure façon d'arriver à la francisation des indigènes, c'était leur conversion au christianisme; c'est sur ce point qu'il entra de suite en conflit avec le pouvoir civil.

Mais il était trop avisé pour ne pas connaître les inconvénients, les dangers des excès de zèle et de prosélytisme vis-à-vis des musulmans. Il interdisait à ses prêtres de baptiser les enfants sans le consentement de leurs parents, les adultes sans sa propre autorisation. Il leur prescrivait surtout de prêcher d'exemple, de montrer aux indigènes ce que sont les vertus chrétiennes et françaises, de soulager leurs misères physiques et morales.

 
L'ARCHEVÊQUE D'ALGER SECOURANT DES INDIGÈNES PENDANT LA FAMINE DE 1867 (d'après un dessin du Monde illustré).
 
En 1868, il fonda la Société des Missionnaires d'Afrique, connus sous le nom de Pères blancs; il leur prescrivit d'avoir exactement le costume et le genre de vie des indigènes, d'apprendre leur langue, de se dévouer à leur instruction et au soin des malades. Et comme, en pays musulman, il n'y a que la femme qui puisse aborder la femme, en même temps que les Pères blancs, il créa les Sœurs blanches.
 
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