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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Il plaçait à la base de la politique de rapprochement les oeuvres d'assistance et d'enseignement : « Je suis votre père, disait-il aux indigènes, même si vous ne me reconnaissez pas pour tel. Je vous aime comme mes enfants. »
Lavigerie était partisan de la colonisation, hostile au gouvernement militaire, au royaume arabe, aux bureaux arabes. Un jour, à Maison-Carrée, invité à bénir des charrues à vapeur qu'on allait expérimenter, après des discours officiels qui ne renfermaient que les banalités d'usage, il monta sur une chaise et, devant les fonctionnaires atterrés et les colons enthousiastes qui acclamaient le jeune archevêque, il prononça une allocution inattendue : « L'Algérie, disait-il, possède tous les éléments de vitalité, de prospérité, de richesse ; s'il lui manque quelque chose, c'est seulement une confiance plus grande dans la libre expansion de sa force. Je demande à la France pour l'Algérie des libertés plus larges. Nulle part elles ne sont plus nécessaires que dans un pays nouveau et pour des populations entreprenantes et hardies ». « Comme homme et comme Français, écrivait-il quelques mois après, je m'associe aux vœux unanimes des colons de mon diocèse et je désire avec eux la modification d'un système qui étouffe toute initiative et toute liberté. »
 

L' ENQUÊTE AGRICOLE DE 1868

 
La famine de 1868 était due aux circonstances atmosphériques et au manque de pluie. On s'en prit néanmoins à l'administration : on fit à cette occasion le procès du gouvernement militaire et du royaume arabe. On avait commis, disait-on, une faute grave en cristallisant la société indigène au lieu de la faire évoluer. Le mal venait de l'état social dans lequel vivaient les indigènes; si on avait constitué la propriété individuelle, on eût évité ces malheurs. Surtout on fit remarquer que les indigènes avaient été beaucoup moins éprouvés par la disette en territoire civil, c'est-à-dire partout où il y avait des colons européens; l'exemple des colons les avait incités à mieux cultiver leurs terres et ils avaient trouvé du travail dans les centres européens; la colonisation n'était donc pas nuisible aux indigènes, bien loin de là. Les partisans du régime militaire incriminaient au contraire la colonisation, qui, disaient-ils, avait pris les meilleures terres; la désorganisation de la société indigène, qui mettait les chefs et les zaouïas hors d'état de remplir leurs anciens devoirs d'assistance. Il y avait eu autrefois, à côté des silos renfermant les récoltes des particuliers, des dépôts destinés aux pauvres. Désormais, les indigènes exportaient leur blé et dépensaient leur argent. Pour remédier à cet état de choses, des silos de réserve furent créés dans un grand nombre de cercles et la première société de prévoyance indigène fut organisée à Miliana en 1869 par le général Liébert.
 
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