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C'est en 1868 que
parut le livre célèbre de Prévost-Paradol, la France
nouvelle, dont le dernier chapitre est consacré à
l'Algérie : |
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« L'Algérie, y lisait-on, est
la chance suprême. Cette terre est féconde, elle convient
excellemment par la nature du sol à une nation
d'agriculteurs et l'amélioration du régime des eaux, qui
est en ce pays la question la plus importante, n'est
nullement au-dessus de notre science et de nos richesses.
Cette terre est assez près de nous pour que le Français,
qui n'aime pas à perdre de vue son clocher, ne s'y regarde
pas comme exilé et puisse continuer à suivre des yeux et
du cœur les affaires de la mère patrie. Enfin elle est
pour nous, par son rapprochement de nos côtes et par sa
configuration même, d'une défense facile et les deux
contrées qui la bornent n'imposent aucune limite efficace
à notre action, le jour où il nous paraîtra nécessaire
de nous étendre. Puisse-t-il venir bientôt, ce jour où
nos concitoyens, à l'étroit dans notre France africaine,
déborderont sur le Maroc et la Tunisie et fonderont enfin
cet empire méditerranéen qui ne sera pas seulement une
satisfaction pour notre orgueil, mais sera certainement,
dans l'état futur du monde, la dernière ressource de notre
grandeur... L'Afrique ne doit pas être seulement pour nous
un comptoir comme l'Inde, ni seulement un camp ou un champ
d'exercice pour notre armée, encore moins un champ
d'expérience pour nos philanthropes ; c'est une terre
française, qui doit être le plus tôt possible peuplée,
possédée et cultivée par des Français, si nous voulons
qu'elle puisse un jour peser de notre côté dans
l'arrangement des affaires humaines. »
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Le Corps
législatif s'occupa à diverses reprises de l'Algérie,
dont la situation paraissait décidément critique. Tout le
monde convenait qu'il y avait lieu de changer de politique.
On décida que la grande enquête agricole qui devait avoir
lieu dans toute la France en 1868 serait étendue à
l'Algérie. Par suite des circonstances mêmes que
traversait la colonie, elle prit une importance
particulière et devint forcément une enquête générale,
plus politique même qu'agricole.
Dirigée par le comte Le Hon, député au Corps législatif,
l'enquête fut faite avec beaucoup de soin. |
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