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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   La Commission séjourna en Algérie du 29 avril au 17 juillet, parcourant les trois provinces, s'arrêtant dans les différents centres; 151 questions furent posées, concernant les conditions générales et spéciales de la production agricole, les débouchés et la législation économique, enfin la législation civile et générale. Tous ceux qui pouvaient fournir des renseignements furent consultés et écoutés. Les déposants réclamèrent tous de l'eau, des terres, du crédit; ils demandaient des travaux d'irrigation, se plaignaient de l'insuffisance des territoires de colonisation et de la trop faible étendue des lots, réclamaient l'organisation du crédit agricole. Presque tous les Européens demandaient le remplacement de la propriété collective par la propriété individuelle chez les indigènes. Les musulmans se plaignaient de la vénalité et des prévarications des cadis et déclaraient en général préférer la justice française. Branthomme, propriétaire à Blida, remit au président le programme des habitants de la Mitidja ; ils exigeaient avant tout le développement de la colonisation et du peuplement européen, et cela dans l'intérêt même des indigènes, comme le seul moyen de modifier leur déplorable état social et d'accroître leur bien-être; pour y parvenir, ils préconisaient la création de villages par l'administration, l'extension du territoire civil, la suppression des bureaux arabes en territoire civil, le partage des terres collectives et la constitution de la propriété privée, le rattachement de l'Algérie au ministère d'État. Un propriétaire de Chebli demandait, pour attirer les émigrants, des terres, des travaux d'utilité publique, des institutions de crédit, une administration large et point tracassière, le rapprochement de la législation avec celle de la France.
« Il faut, disait-il, que les immigrants trouvent mieux dans leur nouveau pays que dans l'ancien et non pas plus mal. » Le maire de l'Arba, sans méconnaître les bienfaits des réformes politiques, administratives et judiciaires, voulait surtout des barrages, des routes, des chemins vicinaux, du crédit agricole, de nouveaux centres européens. M. Courserant, propriétaire à Mostaganem, expliquait que le sort du peuple arabe était étroitement lié au sort de la colonisation; qu'il fallait autant que possible le mettre en contact avec nos colons, nos propriétaires, nos commerçants et constituer chez lui la propriété individuelle.
La presque unanimité des Algériens émit des vœux en faveur de l'assimilation. M. Loizillon, de Miliana, demandait l'application du Code Napoléon aux indigènes. « C'est un contresens, disait un propriétaire de Cherchel, ancien intendant militaire, de donner l'administration de l'Algérie au ministère de la Guerre et à l'armée. Quant aux Arabes, faites-les Français, traitez-les comme tels et non en nation arabe, qui à ce titre resterait toujours ennemie de la nôtre. » A Médéa, M. Daudet insiste pour qu'on décrète d'urgence territoire civil tout le territoire de l'Algérie et son assimilation complète à la métropole.
 
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