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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   Les citadins, ceux d'Alger en particulier, veulent l'exercice pour les citoyens français habitant l'Algérie de tous leurs droits politiques et notamment du droit d'élire des députés au Corps législatif ; la substitution du régime civil au régime militaire ; la division de l'Algérie en départements relevant du ministère de l'Intérieur ; l'élection des conseils généraux; la suppression des commandements confiés aux chefs indigènes. Les mêmes vœux sont formulés par les habitants de Boufarik, par ceux de Tlemcen : « Puisque le gouvernement français vous a envoyés pour vous enquérir de nos vœux, dites-lui que nous demandons seulement de bonnes lois et que nous n'en savons pas de meilleures que celles à l'ombre desquelles nous naquîmes en France. Qu'on nous les donne, qu'on nous les rende et avec elles nous saurons conduire l'Algérie vers les destinées qu'elle mérite. » « Ce qu'il faut impérieusement avant toutes choses, dit un colon de Mondovi, c'est, pour nous Français, l'assimilation par la nomination à l'élection de députés, de conseillers généraux, par la promulgation des lois de la mère patrie ; pour les Arabes, l'affranchissement par la constitution immédiate de la propriété individuelle et de la commune et par l'application du Code Napoléon. » Les habitants de Constantine s'expriment d'une manière identique, insistant sur la nécessité de la constitution immédiate de la propriété individuelle chez les indigènes. Un seul des déposants, M. Cély, propriétaire à Oran, se déclare adversaire de l'assimilation et partisan de l'autonomie. Un autre, M. Ricard, de Jemmapes, prend la défense de l'administration militaire, l'Algérie ne lui paraissant pas mûre pour qu'on en confie exclusivement la direction à des fonctionnaires civils tant qu'on n'y aura pas établi un million d'Européens. Mais ce sont là des voix tout à fait isolées.

Lorsque l'enquête prit fin, un Algérien dit au comte Le Hon : « C'est maintenant que votre tâche commence, vous allez devenir notre député. » Le président de la Commission d'enquête intervint en effet à maintes reprises en faveur de l'Algérie au Corps législatif. Dans la discussion du budget de l'Algérie en 1869, il demanda que tout le territoire auquel avait été appliqué le sénatus-consulte de 1863 fût déclaré territoire civil et que les conseils généraux fussent élus. Quelques semaines plus tard, dans les séances des 13 et 14 avril, il réclama la prédominance de l'élément civil en Algérie. Selon lui, le dépérissement des indigènes provenait du khammessat et de la propriété collective; la transformation des fellahs en petits propriétaires et l'extension de la colonisation européenne, telles étaient les deux ancres de salut. On avait décomposé la société indigène et on n'avait pas remplacé ce qu'on avait détruit. Il fallait nous assimiler les Arabes en commençant par les tribus les plus voisines du territoire civil, le contact des Européens et des indigènes étant le plus puissant moyen de civilisation.

 
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