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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  

LA COMMISSION ARMAND BÉHIC

 
Quelques jours après, sur un rapport du maréchal Niel, ministre de la Guerre, une Commission fut nommée pour étudier la constitution de l'Algérie. L'exposé des motifs rappelait qu'aux termes de l'article 27 de la Constitution de l'Empire, le Sénat était chargé d'élaborer la constitution de l'Algérie ; les sénatus-consultes de 1863 et de 1865 avaient déjà commencé cette élaboration, le moment semblait venu de poursuivre cette oeuvre et de donner des garanties nouvelles aux populations européennes. La Commission, présidée par le maréchal Randon, comprenait MM. Barot, Armand Béhic, le général Allard, Paulin Talabot, le général Desvaux, Gresley, Tassin ; elle choisit comme rapporteur M. Armand Béhic ; ses conclusions sont un des documents les plus importants de l'histoire de l'Algérie.
C'est un projet complet de constitution algérienne. Sans s'engager dans les controverses sur les divers systèmes d'administration essayés dans la colonie, la Commission, prenant une position intermédiaire entre ceux qui affirmaient que tout était mal et ceux qui pensaient que tout y était pour le mieux, reconnaissait que de profondes modifications étaient nécessaires.
Le projet consacrait la division de l'Algérie en deux parties, le territoire civil et le territoire militaire; mais le territoire civil était étendu et formait un tout complet, une zone comprenant 800 000 habitants au lieu de 478 000 ; son périmètre n'était pas immuable et devait être révisé tous les cinq ans. En ce qui concernait le gouvernement de l'Algérie, la Commission estimait qu'il n'était pas possible d'appliquer à ce pays les formules qui répondaient à un état de civilisation plus avancé. Quelques services d'intérêt général, la justice française, l'enseignement supérieur et secondaire, les grands travaux publics, les finances, la marine, l'armée seraient rattachés aux ministères correspondants. Tout le reste serait du domaine du gouvernement local. Le gouvernement de l'Algérie devait être autonome, exercé par un haut fonctionnaire ayant rang de ministre; c'était la conception du ministère de l'Algérie, mais avec deux différences capitales : le siège de l'administration était à Alger et non à Paris, et les colonies n'étaient pas jointes à ce ministère.
L'Algérie comprendrait des départements civils administrés par des fonctionnaires civils et des départements indigènes placés sous l'autorité militaire et soumis à un régime spécial. Les préfets n'étaient plus subordonnés aux généraux. Les conseils généraux et les conseils municipaux des communes de plein exercice des départements étaient élus.
 
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