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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   Un projet de sénatus-consulte et un projet de loi organique furent envoyés au Conseil d'État en janvier 1870; ils ne devaient jamais être promulgués. L'Empire disparut et la politique d'assimilation l'emporta sur la politique de décentralisation qu'avait formulée la Commission Armand Béhic.

Les 7, 8 et 9 mars 1870, une interpellation sur l'Algérie eut lieu au Corps législatif. Le comte Le Hon prononça un grand discours : « On peut se demander, disait-il, pourquoi une constitution, alors que l'Algérie ne réclame que l'assimilation et le droit commun. Au point de vue absolu, le principe de l'assimilation serait mauvais, mais il faut tenir compte des vœux de l'Algérie. L'Algérie ne veut pas de constitution spéciale. Il suffit de donner à l'Algérie des députés au Corps législatif qui feront entendre ses vœux. » Le comte Le Hon élevait des critiques très vives contre le gouvernement militaire, qui, disait-il, a fait son temps et il citait sur ce point l'opinion du Premier Consul: « Le propre du militaire est de tout vouloir despotiquement ; celui de l'homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison. » Dans la suite de son discours, l'orateur se ralliait cependant à peu près sur tous les points au projet Armand Béhic; il se déclarait notamment pour le gouverneur-ministre, responsable devant les Chambres, résidant en Algérie. Il demandait entre autres choses la naturalisation collective des Israélites, conformément à leurs vœux et à ceux des Algériens.

Pour clore la discussion, l'ordre du jour suivant fut adopté à l'unanimité : « La Chambre, après avoir entendu les déclarations du gouvernement sur les modifications qu'il se propose d'apporter au régime législatif auquel l'Algérie est actuelle ment soumise et considérant que dans l'état actuel des choses l'avènement du régime civil paraît concilier les intérêts des Européens et des indigènes, passe à l'ordre du jour. »

Cet ordre du jour produisit un effet considérable. Sans plus tarder, un décret du 31 mai 1870 affranchit les préfets de l'autorité des généraux. Le maréchal de Mac-Mahon voulut donner sa démission. Il consentit à conserver provisoirement ses fonctions, mais aussitôt la guerre avec l'Allemagne déclarée, il partit pour la France, où il allait prendre le commandement d'un corps d'armée. L'Empereur songea pour le remplacer au maréchal Randon, qui accepta; mais la nomination se heurta au mauvais vouloir du garde des sceaux et sa lettre de service n'arrivant pas, Randon se ravisa et déclara que son âge et ses infirmités ne lui permettaient pas d'accepter. Le 27 juillet, un décret nomma le général Durrieu gouverneur général par intérim. Il exerçait encore ces fonctions lorsqu'éclata la révolution du 4 Septembre.

 
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