Un projet de sénatus-consulte et un projet de loi organique furent
envoyés au Conseil d'État en janvier 1870; ils ne devaient jamais
être promulgués. L'Empire disparut et la politique d'assimilation
l'emporta sur la politique de décentralisation qu'avait formulée
la Commission Armand Béhic.
Les 7, 8 et 9 mars 1870, une interpellation sur l'Algérie eut
lieu au Corps législatif. Le comte Le Hon prononça un grand
discours : « On peut se demander, disait-il, pourquoi une
constitution, alors que l'Algérie ne réclame que l'assimilation et
le droit commun. Au point de vue absolu, le principe de
l'assimilation serait mauvais, mais il faut tenir compte des vœux
de l'Algérie. L'Algérie ne veut pas de constitution spéciale. Il
suffit de donner à l'Algérie des députés au Corps législatif
qui feront entendre ses vœux. » Le comte Le Hon élevait des
critiques très vives contre le gouvernement militaire, qui,
disait-il, a fait son temps et il citait sur ce point l'opinion du
Premier Consul: « Le propre du militaire est de tout vouloir
despotiquement ; celui de l'homme civil est de tout soumettre à la
discussion, à la vérité, à la raison. » Dans la suite de son
discours, l'orateur se ralliait cependant à peu près sur tous les
points au projet Armand Béhic; il se déclarait notamment pour le
gouverneur-ministre, responsable devant les Chambres, résidant en
Algérie. Il demandait entre autres choses la naturalisation
collective des Israélites, conformément à leurs vœux et à ceux
des Algériens.
Pour clore la discussion, l'ordre du jour suivant fut adopté à
l'unanimité : « La Chambre, après avoir entendu les déclarations
du gouvernement sur les modifications qu'il se propose d'apporter au
régime législatif auquel l'Algérie est actuelle ment soumise et
considérant que dans l'état actuel des choses l'avènement du
régime civil paraît concilier les intérêts des Européens et des
indigènes, passe à l'ordre du jour. »
Cet ordre du jour produisit un effet considérable. Sans plus
tarder, un décret du 31 mai 1870 affranchit les préfets de
l'autorité des généraux. Le maréchal de Mac-Mahon voulut donner
sa démission. Il consentit à conserver provisoirement ses
fonctions, mais aussitôt la guerre avec l'Allemagne déclarée, il
partit pour la France, où il allait prendre le commandement d'un
corps d'armée. L'Empereur songea pour le remplacer au maréchal
Randon, qui accepta; mais la nomination se heurta au mauvais vouloir
du garde des sceaux et sa lettre de service n'arrivant pas, Randon
se ravisa et déclara que son âge et ses infirmités ne lui
permettaient pas d'accepter. Le 27 juillet, un décret nomma le
général Durrieu gouverneur général par intérim. Il exerçait
encore ces fonctions lorsqu'éclata la révolution du 4 Septembre.
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