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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Ils eurent des conflits de toutes sortes avec les autorités, qu'ils accusaient de tiédeur. Le Comité d'Alger donnait le ton; il fusionna avec le conseil municipal et ne forma plus avec lui qu'une seule et même assemblée. Son chef était Vuillermoz, ancien député et avocat. Warnier essaya de canaliser le Comité en en prenant la présidence : " Nous eûmes trois séances, dit-il; dans la première, on me posa des conditions; dans la seconde, on m'en posa d'autres; enfin, dans la troisième, nous ne pûmes nous mettre d'accord sur quoi que ce soit. »
 
Les Comités de défense se mêlèrent des affaires départementales, des affaires communales et de celles de la guerre; sous prétexte de surveiller l'autorité militaire, ils se mirent directement en relations avec les chefs indigènes. Formés à l'improviste, ils comprenaient des gens parfois bien intentionnés, mais étaient dépourvus d'hommes spéciaux et expérimentés; ils gênaient l'action de l'autorité civile et surtout de l'autorité militaire et contribuèrent à l'évacuation des troupes et des armes dont la conservation eût été indispensable. La presse atteignait un degré de violence inouï. Un journal regrettait que tous les généraux français ne fussent pas tombés à Metz; Trochu était un traître, Vinoy un gredin, Thiers un infâme comédien. On osait exprimer le vœu de la séparation de l'Algérie d'avec la France, on parlait de se donner à l'Angleterre. L'Association républicaine, fondée par d'anciens transportés, était une sorte de Comité central; affiliée à l'Internationale, elle sympathisait avec la Ligue séparatiste du Midi et avec la Commune insurrectionnelle de Paris.

Le général Durrieu n'avait pas l'ascendant nécessaire pour maîtriser une situation aussi difficile. Il était personnellement attaqué avec violence; on l'accusait de préparer une restauration bonapartiste avec l'aide des Prussiens. Le 23 octobre, il fut rappelé en France et remplacé par le général Walsin-Esterhazy, commandant de la division d'Oran. C'était un choix malheureux; le général était impopulaire à Oran, où du Bouzet avait été frappé du trouble de son esprit et de l'intempérance de son langage. 

Arlès-Dufour
On s'attendait d'ailleurs à la nomination d'un gouverneur civil; beaucoup de noms avaient été mis en avant pour ce poste, entre autres ceux de Glais-Bizoin, de Marc Dufraisse, de Jules Grévy, de Gent, d'Henri Didier.
 
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