Les Comités de défense se mêlèrent des affaires
départementales, des affaires communales et de celles de la
guerre; sous prétexte de surveiller l'autorité militaire,
ils se mirent directement en relations avec les chefs
indigènes. Formés à l'improviste, ils comprenaient des gens
parfois bien intentionnés, mais étaient dépourvus d'hommes
spéciaux et expérimentés; ils gênaient l'action de
l'autorité civile et surtout de l'autorité militaire et
contribuèrent à l'évacuation des troupes et des armes dont
la conservation eût été indispensable. La presse atteignait
un degré de violence inouï. Un journal regrettait que tous
les généraux français ne fussent pas tombés à Metz;
Trochu était un traître, Vinoy un gredin, Thiers un infâme
comédien. On osait exprimer le vœu de la séparation de
l'Algérie d'avec la France, on parlait de se donner à
l'Angleterre. L'Association républicaine, fondée par
d'anciens transportés, était une sorte de Comité central;
affiliée à l'Internationale, elle sympathisait avec la Ligue
séparatiste du Midi et avec la Commune insurrectionnelle de
Paris.
Le général Durrieu n'avait pas l'ascendant nécessaire
pour maîtriser une situation aussi difficile. Il était
personnellement attaqué avec violence; on l'accusait de
préparer une restauration bonapartiste avec l'aide des
Prussiens. Le 23 octobre, il fut rappelé en France et
remplacé par le général Walsin-Esterhazy, commandant de la
division d'Oran. C'était un choix malheureux; le général
était impopulaire à Oran, où du Bouzet avait été frappé
du trouble de son esprit et de l'intempérance de son
langage. |