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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Le 18 janvier 1871, le ministère de la Guerre avait donné l'ordre au général Lallemand d'organiser sans délai un régiment de spahis et de l'embarquer pour la France.
Les spahis de Bou-Hadjar, du Tarf et d'Aïn-Guettar refusèrent formellement d'obéir à cet ordre. Ceux d'Aïn-Guettar désertèrent, pillèrent et assassinèrent dans les environs de Souk-Ahras, puis attaquèrent la ville, qui fut délivrée par une colonne venue de Bône. Ce foyer éteint, un autre se ralluma à El-Milia ; sans mot d'ordre, sans cause connue, les Kabyles vinrent assiéger le bordj. Un troisième foyer parut à Tébessa ; les Ouled-Khalifa enlevèrent les troupeaux d'un colon, tirèrent des coups de feu sur le commandant supérieur, pillèrent les, environs de Tébessa et cernèrent la ville.
 

MOKRANI

Le mouvement allait devenir beaucoup plus sérieux avec la révolte de Mokrani. L'insurrection avait désormais un chef, se personnifiait dans un homme. Les indigènes aujourd'hui encore appellent l'année 1871 l'année de Mokrani, âm Mokrani.
Bien qu'une tradition sans aucun fondement les rattache aux Montmorency et qu'une autre tradition, qui n'a sans doute pas beaucoup plus de valeur, les fasse descendre de Fathma, fille du Prophète, les Ouled-Mokrani étaient en réalité une famille kabyle installée au quinzième siècle à la Kalaâ des Beni-Abbès ; ils s'étaient constitué une sorte de principauté qui s'étendait de l'Oued-Sahel au Hodna. Au dix-huitième siècle, ils étaient partagés en deux sofs, entre lesquels les Turcs entretenaient soigneusement les divisions. En 1838, Ahmed-el-Mokrani nous avait fait des offres de service; il était devenu un des grands feudataires indigènes créés par Valée dans la province de Constantine et c'est grâce à son concours que l'expédition des Portes-de-Fer avait pu s'effectuer sans encombre en 1839. Il avait vu sa situation diminuée par l'ordonnance du 15 avril 1845 et ce grand vassal était devenu un grand fonctionnaire, officiellement placé sous les ordres du commandant supérieur; il en avait conçu quelque mauvaise humeur. A sa mort, le khalifalik fut supprimé et son fils Mohammed-Mokrani fut nommé bachagha ; peu à peu, on réduisit ses pouvoirs, ses cavaliers, sa part d'impôt, on supprima les touiza ou redevances féodales. Napoléon III avait comblé d'honneurs et de décorations les chefs indigènes.
MOKRANI
 
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