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Sa mort ne modifia pas la
situation; son frère Bou-Mezrag, moins intelligent mais
plus passionné que lui, lui succéda; la direction
appartint désormais aux exaltés qui voulaient prolonger
les hostilités. Cependant nos moyens d'action
s'organisaient et des renforts arrivaient de France.
Le point important était de débloquer les principales
places de la Kabylie du Djurjura ; le centre du pays
insurgé une fois dompté, le reste suivrait. La colonne
Lallemand délivra Tizi-Ouzou, Dellys et opéra sa jonction
avec la colonne Cérez. Toutes deux débloquèrent
Fort-National, puis le général Cérez châtia les
BeniAbbès, pendant que le général Lallemand allait
punir Msila et Bou-Saada. Dans la Kabylie des Babors, la
colonne Saussier enserrait les rebelles. De tous côtés,
les notables se séparaient des insurgés et venaient au
camp faire leur soumission. Enfin, le 13 juillet,
Cheikh-el-Haddad, porté sur une, civière et suivi d'une
longue file de khouans sans armes, vint faire sa soumission
avec ses deux fils. Le spectacle fut émouvant; l'âge du
vieux cheikh, ses malheurs, sa figure émaciée par toute
une vie d'ascétisme et de réclusion, la dignité de son
attitude frappèrent les plus sceptiques et les plus
indifférents : « Je suis comme un mort entre vos mains »,
dit-il au général Saussier. |
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LA FIN DE
L'INSURRECTION |
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Après la soumission de
Cheikh-el-Haddad, la guerre sainte était finie. Il y eut
encore un petit mouvement insurrectionnel chez les
Beni-Menaceur, qui assiégèrent Cherchel, pillèrent
Zurich, Vesoul-Benian et Hammam-Rirha ; ce mouvement fut
bientôt étouffé. De juillet à septembre, on eut encore
plusieurs combats à livrer dans la Kabylie des Babors.
Bou-Mezrag se réfugia chez les Maadid, où il fut défait
par le général Saussier. Les Ouled-Mokrani parvinrent à
échapper à nos colonnes et trouvèrent des alliés parmi
les tribus du Sud, notamment le bandit Bouchoucha, qui avait
été maître de Touggourt pendant quelques jours et avait
fait massacrer la faible garnison de tirailleurs installée
dans cette place. Le général Delacroix, avec une petite
colonne, poursuivit les rebelles jusqu'au delà d'Ouargla.
BouMezrag, qui était resté six jours sans boire ni
manger, fut ramassé évanoui et sa capture enleva à
l'insurrection son dernier drapeau. La cause de
l'aristocratie indigène était à jamais perdue.
L'insurrection, qui avait débuté le 16 mars 1871 à la
Medjana par la révolte du bachagha, se termina le 20
janvier 1872 par l'arrestation de Bou-Mezrag. Bien qu'un
tiers seulement de l'Algérie eût participé au mouvement,
il y avait eu 800 000 insurgés, fournissant 200 000
combattants. |
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