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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Sa mort ne modifia pas la situation; son frère Bou-Mezrag, moins intelligent mais plus passionné que lui, lui succéda; la direction appartint désormais aux exaltés qui voulaient prolonger les hostilités. Cependant nos moyens d'action s'organisaient et des renforts arrivaient de France.
Le point important était de débloquer les principales places de la Kabylie du Djurjura ; le centre du pays insurgé une fois dompté, le reste suivrait. La colonne Lallemand délivra Tizi-Ouzou, Dellys et opéra sa jonction avec la colonne Cérez. Toutes deux débloquèrent Fort-National, puis le général Cérez châtia les Beni­Abbès, pendant que le général Lallemand allait punir Msila et Bou-Saada. Dans la Kabylie des Babors, la colonne Saussier enserrait les rebelles. De tous côtés, les notables se séparaient des insurgés et venaient au camp faire leur soumission. Enfin, le 13 juillet, Cheikh-el-Haddad, porté sur une, civière et suivi d'une longue file de khouans sans armes, vint faire sa soumission avec ses deux fils. Le spectacle fut émouvant; l'âge du vieux cheikh, ses malheurs, sa figure émaciée par toute une vie d'ascétisme et de réclusion, la dignité de son attitude frappèrent les plus sceptiques et les plus indifférents : « Je suis comme un mort entre vos mains », dit-il au général Saussier.
 

LA FIN DE L'INSURRECTION

 
Après la soumission de Cheikh-el-Haddad, la guerre sainte était finie. Il y eut encore un petit mouvement insurrectionnel chez les Beni-Menaceur, qui assiégèrent Cherchel, pillèrent Zurich, Vesoul-Benian et Hammam-Rirha ; ce mouvement fut bientôt étouffé. De juillet à septembre, on eut encore plusieurs combats à livrer dans la Kabylie des Babors. Bou-Mezrag se réfugia chez les Maadid, où il fut défait par le général Saussier. Les Ouled-Mokrani parvinrent à échapper à nos colonnes et trouvèrent des alliés parmi les tribus du Sud, notamment le bandit Bouchoucha, qui avait été maître de Touggourt pendant quelques jours et avait fait massacrer la faible garnison de tirailleurs installée dans cette place. Le général Delacroix, avec une petite colonne, poursuivit les rebelles jusqu'au delà d'Ouargla. Bou­Mezrag, qui était resté six jours sans boire ni manger, fut ramassé évanoui et sa capture enleva à l'insurrection son dernier drapeau. La cause de l'aristocratie indigène était à jamais perdue.
L'insurrection, qui avait débuté le 16 mars 1871 à la Medjana par la révolte du bachagha, se termina le 20 janvier 1872 par l'arrestation de Bou-Mezrag. Bien qu'un tiers seulement de l'Algérie eût participé au mouvement, il y avait eu 800 000 insurgés, fournissant 200 000 combattants.
 
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