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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
L'effectif de nos troupes avait été porté à 86 000 hommes, comme au temps des guerres contre Abd-el-Kader ; elles avaient livré 340 combats. Les pertes avaient été faibles : 2 686 morts, dont la moitié avait succombé aux maladies ou à la fatigue.
La répression fut très dure, parfois hors de proportion avec les culpabilités et ne s'inspira pas toujours suffisamment des conditions du milieu indigène. On infligea aux rebelles une amende de guerre de 36 millions et demi, on séquestra 446 000 hectares de terres, estimés 18 millions et demi. Les insurgés, après un procès qui dura deux ans, furent jugés par la Cour d'assises, qui prononça des acquittements scandaleux et des condamnations non moins regrettables. Comme le disait M. Lucet, l'insurrection ne constituait pas une série de crimes de droit commun : c'était un fait politique. Cheikh-el-Haddad mourut en prison à Cons­tantine; Bou-Mezrag, condamné à mort, fut déporté en Nouvelle-Calédonie. La clémence du Président de la République ou la sagesse du gouverneur général accordèrent un certain nombre de grâces et de commutations de peines. La lutte avait ravivé bien des haines. Des actes tels que le massacre de Palestro ne s'oublient pas du jour au lendemain. Quoiqu'elle s'explique par des circonstances tout à fait exceptionnelles, cette insurrection, survenant si longtemps après la conquête proprement dite, apporta dans les relations entre colons et indigènes une animosité et une défiance qui ne s'effacèrent que très lentement.
 

III

 

L ' ALGÉRIE DE 1871 A 1873. L'AMIRAL DE GUEYDON

 

Les désastres de la guerre, en Algérie comme en France, furent réparés avec une admirable énergie. Le décret du 24 octobre 1870 fut abrogé et le décret du 29 mars 1871 restaura au profit de l'amiral de Gueydon, nommé gouverneur général civil, les pouvoirs du chef de la colonie tels qu'ils existaient depuis 1860; les principales différences consistaient en ce qu'il dépendait du ministre de l'Intérieur et non plus du ministre de la Guerre et avait sous ses ordres le général commandant les forces de terre et de mer.
L'amiral de Gueydon fut choisi par M. Thiers sur les indications de l'amiral Pothuau. Né à Granville en 1809, il appartenait à une famille de marins; il avait été gouverneur de la Martinique de 1853 à 1856 et avait montré dans ces fonctions de remarquables qualités administratives.

 
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