Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE III  - CHAP. 3 Page suivante
  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
   Du deuil des provinces perdues naît le rêve d'en reconstituer de plus vastes au delà de la Méditerranée. » L'esprit public, préoccupé jusque-là surtout de la mise en valeur du sol, prend plus claire­ment conscience de l'avenir du peuple qui doit garder en Algérie le dépôt de nos destinées. La colonisation ne sera plus cosmopolite, elle ne fera appel qu'aux Français; Français d'hier et Français d'aujourd'hui, Français de la métropole et Français d'Algérie, elle se donne pour but principal d'en accroître le nombre et d'en rendre définitive l'installation.

« Il n'est, disait l'amiral de Gueydon, qu'un seul moyen d'attirer en grand nombre les immigrants : ce n'est pas de faire bruyamment appel à l'immigration, c'est de faire voir le spectacle d'une colonie prospère. Or, la terre est féconde en, Algérie; aucune ressource pour ainsi dire n'y fera défaut à l'esprit d'entreprise; je m'attache à la doter d'administrations régulières, à y développer les institutions libres; y vienne donc qui veut et que chacun puisse y travailler, commercer, cultiver, spéculer comme il l'entend... Il est indispensable que les acquéreurs de terres trouvent à leur portée des centres de résistance, de protection ou d'approvisionnement, des villages en un mot, qui forment comme un cadre à la colonisation libre, au libre marché de la propriété indigène. La création de ces villages, destinés à constituer le mobile économique sans lequel aucune entreprise agricole ou industrielle ne naît viable, tel est le seul rôle direct qui appartienne à l'administration dans l'œuvre générale de la colonisation. » Dès son arrivée dans le pays, l'amiral plaça la colonisation au premier rang de ses préoccupations; c'est lui qui a ouvert résolument la voie nouvelle où elle s'est alors engagée. Lorsqu'on voulait lui plaire, on l'appelait « l'amiral Bugeaud ». C'est qu'en effet, à ses grandes qualités de soldat, il joignait l'esprit de gouvernement, le bon sens rare, l'initiative, l'instinct patriotique du vieux maréchal qui fut le père de l'Algérie française.

La politique du Second Empire avait abouti à ce résultat qu'en 1871 il ne restait presque plus de terres domaniales dans les régions accessibles au peuplement européen, le sénatus-consulte de 1863 ayant déclaré les tribus propriétaires de tout le territoire qu'elles occupaient et le domaine ayant été dilapidé en grandes concessions. A la suite de l'insurrection, la contribution de guerre, le séquestre imposé aux tribus révoltées fournirent à la fois à l'État des ressources pécuniaires et des terres. La contribution de guerre fut employée à indemniser les colons ; pour qu'ils ne fussent pas tentés de quitter l'Algérie après avoir réalisé leur avoir, Gueydon exigea que les indemnités immobilières fussent employées exclusivement, sous la surveillance de l'administration, à la reconstruction des immeubles détruits.

 
  395  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante