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On pataugeait dans
une boue effroyable, « une boue à faire pleurer », disait
une arrivante. Le bétail n'obéissait qu'au burnous et
manifestait contre quiconque n'en portait pas. Point
d'école pour les enfants, ni d'église. Cependant il y eut
un arbre de Noël, un pin d'Alep qui arrivait du Jardin
d'Essai, et le lendemain un jeune prêtre alsacien, ancien
sous-officier, vint dire la messe dans la salle du
réveillon. Camp-du-Maréchal, fondé seulement en 1879,
moins improvisé, avec un meilleur recrutement, profita de
l'expérience acquise; ce fut de tous les villages alsaciens
celui qui réussit le mieux. |
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La colonisation
alsacienne-lorraine a groupé bien des efforts et entraîné
de fortes dépenses. Dès son installation, l'opinion a
été frappée de son médiocre succès matériel et de son
peu de résistance. Il ne pouvait guère en être autrement,
avec des éléments doublement dépaysés, dans une contrée
inconnue et dans un métier que la plupart ne connaissaient
pas. A bien des égards, la tentative de colonisation
alsacienne-lorraine rappelle la tentative de 1848 avec des
ouvriers parisiens. Cependant, dans un cas comme dans
l'autre, l'échec a été moins complet qu'on ne l'a
prétendu. D'après l'enquête faite par M. de Peyerimhoff
en 1899, sur 1183 familles alsaciennes ou lorraines, 387 à
cette époque avaient encore leur concession, 519 ne
l'avaient plus mais étaient encore en Algérie, 277 avaient
disparu ou étaient reparties. Après vingt-cinq ans, le
déchet était d'un peu plus des deux tiers au point de vue
de la propriété, de moins du quart au point de vue de
peuplement, ce qui n'est pas un trop mauvais résultat pour
quiconque connaît les difficultés auxquelles se heurtent
toujours les entreprises de ce genre. |
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