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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
   C'est au gouvernement du général Chanzy (arrêté du 24 décembre 1875) qu'il faut faire remonter sinon l'origine, du moins le développement d'une des institutions les plus intéressantes de l'Algérie, celle des communes mixtes. Cette dénomination apparaît pour la première fois dans un décret du 20 mai 1868 portant sur l'organisation municipale en territoire militaire. Les communes mixtes, dit le décret, comprennent les centres de population habités à la fois par des indigènes et par des Européens et qui, possédant des ressources propres, ne renferment pas encore une population européenne suffisante pour être érigés en communes de plein exercice. Après une période de transition sous l'amiral de Gueydon, caractérisée par la création d'une série de rouages qui ne furent pas conservés, notamment de circonscriptions cantonales, la commune mixte subsista seule, implantée du territoire militaire dans le territoire civil.
Le général Chanzy constata que la circonscription cantonale avait disparu pour faire place à la commune mixte, et le fonctionnaire placé à la tête de cette circonscription prit le titre d'administrateur de commune mixte. Mais, depuis 1868, la conception s'était modifiée; par suite de l'extension du territoire civil, la commune mixte englobait désormais non seulement les régions où la population européenne s'était déjà installée, mais encore les douars et les tribus qui passaient sous l'administration civile. C'étaient de vastes circonscriptions administratives formées des territoires non encore colonisés, ayant l'étendue moyenne d'un arrondissement de France. Elles constituent comme le fond de la carte du pays; sur ce fond, les communes de plein exercice sont disséminées comme des taches. En somme, les communes mixtes remplacent les anciens cercles militaires et les administrateurs de commune mixte les officiers des bureaux arabes; ils furent d'ailleurs souvent en butte aux mêmes attaques que leurs prédécesseurs et comme eux suspects soit d'arbitraire, soit d'arabophilie. "L'institution des communes mixtes, dit le général Chanzy, était un progrès incontestable; on ne pouvait songer à constituer des conseils électifs en présence de la majorité imposante des indigènes, mais on pouvait habituer tous ces éléments divers à l'organisation municipale. Le personnel administratif fut appelé à fournir des maires; on leur choisit des adjoints dans la population civile ou indigène et on plaça à côté d'eux, pour tenir lieu de conseil municipal, une commission composée de notables. "

Le général Chanzy entra en conflit avec la députation algérienne, avec les préfets et avec les municipalités, dont les interventions lui paraissaient de nature à nuire au bon ordre et à la bonne administration; la presse envenima les choses, le gouverneur s'énerva et en 1874 il déclara la commune d'Alger en état de siège. Cette mesure, dont on contesta la légalité, produisit une vive émotion.

 
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