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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Les bureaux métropolitains étaient forcément très ignorants des réalités algériennes; la moindre décision à prendre amenait des tiraillements entre les différents ministères. C'est cette situation que décrivait Jules Ferry quelques années plus tard lorsqu'il disait : " Le gouverneur général n'est plus qu'un décor coûteux autant qu'inutile, tout au plus un inspecteur de la colonisation dans le palais d'un roi fainéant. "
M. Albert Grévy ne resta que deux ans en Algérie. L'enthousiasme qui l'avait accueilli à son arrivée ne dura pas longtemps; il fut bientôt taxé d'imprévoyance et d'insuffisance. Cependant, comme le disait M. O. d'Haussonville, une plus grande stabilité des gouverneurs eût été bien désirable : " La durée de la fonction, disait-il, est pour eux une condition de succès; j'ai regretté l'amiral de Gueydon quand il est parti, j'ai regretté après lui le général Chanzy; je suis persuadé, n'en déplaise à ses détracteurs, que M. Albert Grévy valait mieux comme administrateur au moment de son départ que le jour de son arrivée. "

LA COLONISATION

 
Le grand effort de la colonisation commencé sous Gueydon se continua sous Chanzy. Tous les ans, un programme de colonisation était dressé; Chanzy tenait la main à ce que les conditions de résidence fussent effectivement remplies et allait parfois sur place s'en assurer lui-même : " L'État, disait-il, n'a que des ressources limitées, il ne faut donner la terre qu'à ceux qui veulent l'exploiter sérieusement. "
Le décret du 30 septembre 1878, qui devait régir pendant plus de vingt-cinq ans la colonisation algérienne, substitua, à la location conditionnelle sous promesse de propriété définitive au bout de cinq ans de résidence, la concession gratuite attributive de propriété sous condition suspensive. Pour les lots de village, la résidence personnelle était obligatoire pendant cinq ans; le titre définitif pouvait être attribué après trois ans, à condition pour l'attributaire de justifier d'une dépense moyenne de 100 francs par hectare. Ainsi, c'était le système de la résidence obligatoire, base de toute colonisation de peuplement, qui persistait; il n'était possible de s'en décharger que pour les lots de ferme, mais en se substituant un autre colon français et en assumant des obligations précises de mise en valeur. Ces dispositions étaient assez heureuses. Le décret de 1878 fut moins bien inspiré en réduisant à une surface uniforme de 40 hectares l'étendue des concessions et en faisant de la concession gratuite l'unique procédé de colonisation. La conception générale, inspirée par la volonté de réagir contre les grandes concessions du Second Empire, était très juste, mais elle manquait de souplesse.
 
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