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Les bureaux métropolitains
étaient forcément très ignorants des réalités
algériennes; la moindre décision à prendre amenait des
tiraillements entre les différents ministères. C'est cette
situation que décrivait Jules Ferry quelques années plus
tard lorsqu'il disait : " Le gouverneur général n'est
plus qu'un décor coûteux autant qu'inutile, tout au plus un
inspecteur de la colonisation dans le palais d'un roi
fainéant. "
M. Albert Grévy ne resta que deux ans en Algérie.
L'enthousiasme qui l'avait accueilli à son arrivée ne dura
pas longtemps; il fut bientôt taxé d'imprévoyance et
d'insuffisance. Cependant, comme le disait M. O. d'Haussonville,
une plus grande stabilité des gouverneurs eût été bien
désirable : " La durée de la fonction, disait-il, est
pour eux une condition de succès; j'ai regretté l'amiral de
Gueydon quand il est parti, j'ai regretté après lui le
général Chanzy; je suis persuadé, n'en déplaise à ses
détracteurs, que M. Albert Grévy valait mieux comme
administrateur au moment de son départ que le jour de son
arrivée. " |
LA COLONISATION |
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Le grand effort de la
colonisation commencé sous Gueydon se continua sous Chanzy.
Tous les ans, un programme de colonisation était dressé;
Chanzy tenait la main à ce que les conditions de résidence
fussent effectivement remplies et allait parfois sur place
s'en assurer lui-même : " L'État, disait-il, n'a que
des ressources limitées, il ne faut donner la terre qu'à
ceux qui veulent l'exploiter sérieusement. "
Le décret du 30 septembre 1878, qui devait régir pendant
plus de vingt-cinq ans la colonisation algérienne, substitua,
à la location conditionnelle sous promesse de propriété
définitive au bout de cinq ans de résidence, la concession
gratuite attributive de propriété sous condition suspensive.
Pour les lots de village, la résidence personnelle était
obligatoire pendant cinq ans; le titre définitif pouvait
être attribué après trois ans, à condition pour
l'attributaire de justifier d'une dépense moyenne de 100
francs par hectare. Ainsi, c'était le système de la
résidence obligatoire, base de toute colonisation de
peuplement, qui persistait; il n'était possible de s'en
décharger que pour les lots de ferme, mais en se substituant
un autre colon français et en assumant des obligations
précises de mise en valeur. Ces dispositions étaient assez
heureuses. Le décret de 1878 fut moins bien inspiré en
réduisant à une surface uniforme de 40 hectares l'étendue
des concessions et en faisant de la concession gratuite
l'unique procédé de colonisation. La conception générale,
inspirée par la volonté de réagir contre les grandes
concessions du Second Empire, était très juste, mais elle
manquait de souplesse. |
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