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La magique vertu du droit commun
devait précipiter la fusion des races, façonner à notre
empreinte des millions d'hommes. Le système des rattachements
avait la prétention de réaliser l'assimilation
administrative alors que l'assimilation n'était faite ni au
point de vue social, ni au point de vue politique, ni au point
de vue économique : " L'assimilation, dit M. Jonnart,
c'est le but suprême de nos efforts, le souhait patriotique
que nous formons, mais ce n'est malheureusement pas un fait
accompli; il est puéril de prendre ses espérances pour des
réalités et, au point de vue de la politique générale de
notre pays, de ses finances, de la sécurité nationale, cela
n'est pas sans danger. "
Les auteurs des décrets de 1881 avaient cédé à de
généreuses illusions et à d'anciens souvenirs. Sous
l'Empire, la théorie de l'assimilation était invoquée par
les colons qui revendiquaient les franchises politiques et
déclaraient que, la période héroïque étant terminée, le
moment était venu d'inaugurer en Algérie le régime civil.
Déjà à cette époque, M. Armand Béhic avait très bien vu
que l'autonomie financière était un bien meilleur moyen de
leur donner satisfaction. Les Algériens et avec eux tous les
hommes politiques soucieux de l'avenir de l'Afrique du Nord
n'allaient pas tarder à partager cette manière de voir. |
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LES TRAVAUX PUBLICS
ET LA COLONISATION |
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M. Tirman dut se borner à
développer, autant que les faibles moyens dont il disposait
le lui permettaient, les travaux publics et la colonisation.
Pendant cette période, le premier réseau de chemins de fer
s'achève. En 1886, la ligne d'Alger à Constantine est
terminée et la grande artère parallèle à la côte prévue
par le décret de 1857 est solennellement inaugurée en avril
1887. Puis c'est le tour des lignes de Ménerville à
Tizi-Ouzou (1888), de Beni-Mansour à Bougie (1889), de
Constantine à Biskra (1888), de Souk-Ahras à Tébessa
(1888). Dans l'Algérie occidentale, les lignes d'Arzew à
Aïn-Sefra (1887), de Mostaganem à Tiaret (1889), de
Bel-Abbès à Tlemcen (1890) sont ouvertes au trafic. Au
total, le réseau des chemins de fer algériens passe de 1 373
kilomètres en 1881 à 2 861 kilomètres en 1891; il a plus
que doublé et on devine quelle impulsion cette construction a
dû donner à l'Algérie, désormais pourvue de ses grands
organes de circulation.
L'effort considérable accompli de 1871 à 1881 n'avait pas
été sans absorber de grandes quantités de terres; 400 000
hectares avaient été consacrés à la colonisation et les
réserves domaniales commençaient à s'épuiser. |
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