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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Le gouvernement général songea à s'assurer, par une opération d'ensemble, une quantité considérable de terres dans la zone colonisable, avant que leur valeur n'eût subi une trop forte hausse; une caisse de colonisation serait en même temps constituée; on créerait 300 villages, on établirait 15 000 familles françaises, 60 à 70 000 personnes. Après cet effort énergique, l'État considérerait sa tâche comme terminée et l'initiative individuelle viendrait achever l'œuvre.
 
LE VIADUC ET LE TUNNEL DE LA CHIFFA Le projet fut vivement combattu dans la presse et au Parlement; on dénonça l'expropriation des terres indigènes comme une spoliation et comme un danger politique; on montra les spéculateurs prêts à profiter, au détriment de l'État, de cette grosse opération d'acquisitions portant sur 300 000 hectares de terres ; on représenta enfin la colonisation officielle comme onéreuse et inefficace; le projet, dit des 50 millions, fut finalement repoussé. Une autre proposition du comte d'Haussonville, ayant pour objet d'affecter à la colonisation les terres que le domaine de l'État possédait encore en Algérie et de régler le mode d'aliénation de ces terres, n'aboutit pas davantage.

L'activité de l'administration algérienne continua donc à s'exercer toujours à peu près par les mêmes procédés, mais d'une manière ralentie par suite de la pénurie des terres et de l'insuffisance des crédits.

 
Au lieu de 1 174 nouveaux colons en 1881, on n'en établit plus que 191 en 1882, 241 en 1883, 290 en 1884, 110 en 1885, dont 39 seulement originaires de la métropole. Quant aux lots de fermes, ils furent vendus aux enchères sans aucune obligation de résidence; en 1885 et en 1886, le gouvernement général aliéna ainsi près de 30 000 hectares. Deux ans après, M. Tirman était obligé de reconnaître que sur ces propriétés, dont la vente avait rapporté près de 2 millions, c'est à peine s'il s'était installé 150 Français; la plupart des acquéreurs avaient loué leurs terres aux indigènes et n'attendaient pour revendre que l'expiration du délai légal.
 
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