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La vente de lots de villages,
tentée dans quelques centres, ne donna pas de bons résultats
non plus au point de vue du peuplement; les lots furent
achetés par des Algériens et demeurèrent la plupart du
temps cultivés par des indigènes. La majorité des villages
continua d'ailleurs à être allotie en vue de la concession
gratuite, au moyen des quelques ressources que fournissaient
encore les terrains domaniaux ou séquestrés; il devenait
difficile de compléter les périmètres, les indigènes en
général se refusant désormais à vendre leurs terres.
Dans la décade de 1881-1891, il a été formé ou agrandi de
107 périmètres; 2 846 concessions et 360 lots de ferme ont
absorbé près de 176 000 hectares; il a été en outre
constitué 338 lots industriels. La population rurale
européenne passe de 146 000 à 199 000, soit une augmentation
de 36 pour 100. La population française s'élève de 195 000
à 268 000, la population étrangère de 181 000 à 233 000 ;
cette dernière commence à être décimée par la
naturalisation automatique, en vertu de la loi du 26 juin
1889. Auparavant, en vertu de l'article 9 du Code civil,
l'étranger né en France devenait Français si, dans l'année
de sa majorité, il réclamait cette qualité; la loi de 1889
a renversé les termes de l'option : elle présume, chez celui
qui ne déclare pas une intention contraire, la volonté de
devenir Français. Jusqu'en 1889, les Français et les
étrangers d'origine européenne se faisaient à peu près
équilibre en Algérie; depuis lors, la colonie étrangère
diminue et le groupe français s'accroît de plus en plus ;
mais il ne faut pas être dupe des apparences : c'est la
législation, non la situation démographique qui s'est
modifiée. |
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LA CRÉATION DU
VIGNOBLE |
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Le grand événement économique
de cette époque, c'est la constitution du vignoble algérien.
Son développement, dû à l'invasion phylloxérique en
France, eut pour la colonisation de l'Algérie des
conséquences extrêmement importantes. Le phylloxéra a
provoqué une émigration des paysans de la France
méridionale et en même temps l'Algérie a trouvé dans la
vigne une culture industrielle parfaitement adaptée à son
climat, permettant au petit colon de vivre sur une concession
d'étendue restreinte, au grand colon pourvu d'un outillage
perfectionné de réaliser des bénéfices considérables. La
production du vin dans la métropole étant devenue
insuffisante pour les besoins de la consommation et du
commerce d'exportation, l'Algérie est venue combler le
déficit de la production métropolitaine. Le mouvement de
plantation a été surtout intense de 1880 à 1888; de 23 000
hectares en 1880, on passe à 103 000 hectares en 1888; la
progression continue ensuite, mais devient moins rapide. |
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