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La création du vignoble est le
plus grand fait de toute l'histoire économique de l'Algérie
et marque un tournant décisif. Les efforts des services
officiels pour encourager la colonisation sont peu de chose à
côté de l'attrait qu'exerce sur les hommes et les capitaux
une culture vraiment rémunératrice. " Il suffit d'une
plante, disait La Bourdonnais, pour faire la richesse d'une
nation. " Cette plante, l'Algérie l'avait vainement
cherchée depuis 1830; elle avait cru, vers 1855, la trouver
dans le coton; elle la rencontrait enfin dans la vigne, "
la plus française de toutes les cultures ", a dit Jules
Ferry. La vigne a puissamment contribué à la colonisation de
l'Algérie; elle a enrichi les villes et les campagnes, rendu
la confiance aux sceptiques. A sa suite, d'autres cultures se
sont développées ou perfectionnées, d'autres éléments de
richesse se sont révélés. Mais c'est la vigne qui a été
le point de départ et qui a déclenché la prospérité
algérienne. |
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VI |
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L'ÉTABLISSEMENT DU
PROTECTORAT FRANÇAIS EN TUNISIE |
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En 1881 se produisit un
événement considérable de notre histoire coloniale,
événement décisif pour l'avenir de la France dans l'Afrique
du Nord. Par le traité de Kasr-Saïd (12 mai 1880), la France
établissait son protectorat sur la Tunisie. Notre
intervention avait eu des causes multiples; une incursion de
Khroumirs, tribu de la frontière tunisienne, contribua à la
déterminer. Mais la raison profonde était la nécessité
absolue d'éviter le partage de l'Afrique du Nord entre
plusieurs puissances européennes, d'étayer l'Algérie sur le
protectorat tunisien. " La question tunisienne, disait
Jules Ferry, est aussi vieille que la question algérienne. Ce
territoire est, dans toute l'acception du terme, la clef de
notre maison. " C'est notre oeuvre algérienne,
poursuivie à travers tant de vicissitudes, au prix de si
lourds sacrifices, qui nous donnait sur les pays voisins une
sorte de droit de préemption et devait nous conduire à Fès
en 1912 comme elle nous avait amenés à Tunis en 1881.
En revanche, la rapidité de la mise en valeur de la Tunisie,
due en grande partie à la liberté qui lui était laissée,
notamment en matière de travaux publics, ne fut pas sans
faire réfléchir beaucoup d'hommes politiques sur les
inconvénients des méthodes algériennes et contribua à la
réaction contre les rattachements. |
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