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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
La création du vignoble est le plus grand fait de toute l'histoire économique de l'Algérie et marque un tournant décisif. Les efforts des services officiels pour encourager la colonisation sont peu de chose à côté de l'attrait qu'exerce sur les hommes et les capitaux une culture vraiment rémunératrice. " Il suffit d'une plante, disait La Bourdonnais, pour faire la richesse d'une nation. " Cette plante, l'Algérie l'avait vainement cherchée depuis 1830; elle avait cru, vers 1855, la trouver dans le coton; elle la rencontrait enfin dans la vigne, " la plus française de toutes les cultures ", a dit Jules Ferry. La vigne a puissamment contribué à la colonisation de l'Algérie; elle a enrichi les villes et les campagnes, rendu la confiance aux sceptiques. A sa suite, d'autres cultures se sont développées ou perfectionnées, d'autres éléments de richesse se sont révélés. Mais c'est la vigne qui a été le point de départ et qui a déclenché la prospérité algérienne.
 

VI

 

L'ÉTABLISSEMENT DU PROTECTORAT FRANÇAIS EN TUNISIE

 
En 1881 se produisit un événement considérable de notre histoire coloniale, événement décisif pour l'avenir de la France dans l'Afrique du Nord. Par le traité de Kasr-Saïd (12 mai 1880), la France établissait son protectorat sur la Tunisie. Notre intervention avait eu des causes multiples; une incursion de Khroumirs, tribu de la frontière tunisienne, contribua à la déterminer. Mais la raison profonde était la nécessité absolue d'éviter le partage de l'Afrique du Nord entre plusieurs puissances européennes, d'étayer l'Algérie sur le protectorat tunisien. " La question tunisienne, disait Jules Ferry, est aussi vieille que la question algérienne. Ce territoire est, dans toute l'acception du terme, la clef de notre maison. " C'est notre oeuvre algérienne, poursuivie à travers tant de vicissitudes, au prix de si lourds sacrifices, qui nous donnait sur les pays voisins une sorte de droit de préemption et devait nous conduire à Fès en 1912 comme elle nous avait amenés à Tunis en 1881.
En revanche, la rapidité de la mise en valeur de la Tunisie, due en grande partie à la liberté qui lui était laissée, notamment en matière de travaux publics, ne fut pas sans faire réfléchir beaucoup d'hommes politiques sur les inconvénients des méthodes algériennes et contribua à la réaction contre les rattachements.
 
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