Parmi les hommes qui honorent le plus notre temps et notre
pays, il faut faire figurer MM. Paul et Jules Cambon. Unis
par une fraternelle amitié, leur carrière offre un
remarquable parallélisme. Issus l'un et l'autre de
l'administration préfectorale, ils ont occupé les grandes
ambassades de Londres et de Berlin à une époque des plus
critiques, celle qui a précédé la guerre européenne et y
ont montré des qualités éminentes. L'un et l'autre ont
joué un grand rôle dans l'Afrique du Nord; M. Paul Cambon
a organisé le protectorat tunisien, M. Jules Cambon a
marqué sa place - une des premières - dans l'histoire de
l'Algérie.
Né à Paris en 1845, M. Jules Cambon, élevé dans un
milieu très cultivé et très libéral, se lia d'amitié
avec Jules Ferry et les autres membres de l'opposition de la
fin du Second Empire. Il fit la guerre de 1870 comme
officier de mobiles, fut attaché au cabinet de Jules Simon
en 1871, puis au gouvernement de l'Algérie en 1874; le
général Chanzy, alors gouverneur général, voulant le
mettre à même de bien connaître l'administration de la
colonie, le fit passer successivement par tous les bureaux.
Nommé préfet de Constantine en 1878, puis préfet de Lille
et de Lyon, il fut appelé en avril 1891 par M. Constans au
gouvernement général de l'Algérie. Il y demeura près de sept ans. En ce qui concerne
l'organisation de l'Algérie, la politique indigène, la
politique saharienne, il a préparé les solutions qui ont
prévalu quelques années plus tard. Sa rare intelligence,
sa connaissance des hommes, sa clairvoyance, sa finesse lui
ont permis de faire triompher ses vues, qui étaient celles
du bon sens et du patriotisme.
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