Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE IV  - CHAP. 1 Page suivante
  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Il a déblayé le terrain pour ses successeurs, rendu possibles les réformes ultérieures en restituant au gouverneur général sa légitime autorité.
M. Tirman avait très bien aperçu les inconvénients du système des rattachements; M. Jules Cambon les éprouva plus vivement encore et résolut d'y mettre un terme. La population civile se sentait capable de prendre une part. active à la vie de la colonie; des jeunes gens nés sur son sol, et qui avaient un sens aigu de la personnalité de l'Algérie, souhaitaient que des libertés locales leur permissent d'exercer leur activité politique. Cependant la France, qui se lassait des sacrifices pécuniaires qu'elle consentait, hésitait encore à attribuer à l'Algérie une autonomie financière même partielle et limitée.
 

LES RAPPORTS DE BURDEAU ET DE JONNART

 
De remarquables rapports parlementaires, celui de Burdeau en 1891, celui de Jonnart en 1892, attirèrent l'attention sur la situation de l'Algérie, dont ils firent une étude très complète. Burdeau constatait que les crédits accordés à la colonie, après s'être élevés de 23 millions à 41 millions entre 1871 et 1884, étaient restés stationnaires à partir de cette date ou avaient même diminué. Il se demandait quel était le sens de cette stagnation. Ou bien le Parlement avait des doutes sur l'efficacité des sacrifices déjà faits, ou bien il considérait l'Algérie comme suffisamment pourvue des services et des travaux publics dont elle avait besoin, ou bien enfin il estimait que ce pays devait poursuivre sa croissance, que son budget devait se développer, mais qu'il devait y parvenir sans surcharger la métropole et en faisant appel à ses propres ressources. Dressant le bilan de la situation économique, administrative et sociale, il montrait que les deux premières hypothèses devaient être écartées
« Il faut, disait-il, que désormais à de nouvelles dépenses algériennes correspondent de nouvelles ressources algériennes. » Il concluait qu'avec une administration bien recrutée, instruite de la langue et des choses du pays, fortement contrôlée de France, rendue enfin indépendante des mauvais politiciens, l'avenir de la colonie était désormais assuré; que l'heure était venue où la colonisation en Algérie allait cesser d'être une entreprise plus souvent patriotique que profitable, et que le pays donnait tous les signes de vigueur et de rapide croissance auxquels on reconnaît les colonies approchant de l'âge adulte. L'opinion de Burdeau cependant n'était pas favorable au budget spécial, qui, disait-il, ne créerait pas de ressources nouvelles et engagerait prématurément l'Algérie dans la voie des emprunts; il proposait une simple unification des dépenses et des recettes permettant au Parlement de suivre désor­mais avec plus de clarté le mouvement financier de la colonie.
 
  424  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante