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Il a déblayé le terrain pour
ses successeurs, rendu possibles les réformes ultérieures
en restituant au gouverneur général sa légitime
autorité.
M. Tirman avait très bien aperçu les inconvénients du
système des rattachements; M. Jules Cambon les éprouva
plus vivement encore et résolut d'y mettre un terme. La
population civile se sentait capable de prendre une part.
active à la vie de la colonie; des jeunes gens nés sur son
sol, et qui avaient un sens aigu de la personnalité de
l'Algérie, souhaitaient que des libertés locales leur
permissent d'exercer leur activité politique. Cependant la
France, qui se lassait des sacrifices pécuniaires qu'elle
consentait, hésitait encore à attribuer à l'Algérie une
autonomie financière même partielle et limitée. |
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LES RAPPORTS DE
BURDEAU ET DE JONNART |
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De remarquables rapports
parlementaires, celui de Burdeau en 1891, celui de Jonnart
en 1892, attirèrent l'attention sur la situation de
l'Algérie, dont ils firent une étude très complète.
Burdeau constatait que les crédits accordés à la colonie,
après s'être élevés de 23 millions à 41 millions entre
1871 et 1884, étaient restés stationnaires à partir de
cette date ou avaient même diminué. Il se demandait quel
était le sens de cette stagnation. Ou bien le Parlement
avait des doutes sur l'efficacité des sacrifices déjà
faits, ou bien il considérait l'Algérie comme suffisamment
pourvue des services et des travaux publics dont elle avait
besoin, ou bien enfin il estimait que ce pays devait
poursuivre sa croissance, que son budget devait se
développer, mais qu'il devait y parvenir sans surcharger la
métropole et en faisant appel à ses propres ressources.
Dressant le bilan de la situation économique,
administrative et sociale, il montrait que les deux
premières hypothèses devaient être écartées
« Il faut, disait-il, que désormais à de nouvelles
dépenses algériennes correspondent de nouvelles ressources
algériennes. » Il concluait qu'avec une administration
bien recrutée, instruite de la langue et des choses du
pays, fortement contrôlée de France, rendue enfin
indépendante des mauvais politiciens, l'avenir de la
colonie était désormais assuré; que l'heure était venue
où la colonisation en Algérie allait cesser d'être une
entreprise plus souvent patriotique que profitable, et que
le pays donnait tous les signes de vigueur et de rapide
croissance auxquels on reconnaît les colonies approchant de
l'âge adulte. L'opinion de Burdeau cependant n'était pas
favorable au budget spécial, qui, disait-il, ne créerait
pas de ressources nouvelles et engagerait prématurément
l'Algérie dans la voie des emprunts; il proposait une
simple unification des dépenses et des recettes permettant
au Parlement de suivre désormais avec plus de clarté le
mouvement financier de la colonie. |
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