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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Chemin faisant, Burdeau critiquait assez vivement les méthodes de la colonisation officielle, le réseau ferré de l'Algérie et la manière dont il avait été conçu, l'administration des indigènes. Ces critiques furent reprises et accentuées l'année sui vante par M. Jonnart dans un rapport non moins célèbre. Il insistait sur la nécessité de maintenir et de fortifier le gouvernement général, indispensable pour imprimer à l'organisme algérien une impulsion d'ensemble et pour être l'arbitre du conflit d'intérêts qui met fatalement aux prises la colonisation européenne avec les usages et les droits des indigènes. Il établissait fortement les périls de l'assimilation administrative et de la centralisation exagérée; il dénonçait les inconvénients graves de l'organisation départementale et communale, servilement copiée sur l'organisation métropolitaine; il critiquait non moins sévèrement que Burdeau le régime des chemins de fer. La politique indigène retenait particulièrement son attention :
« C'est notre devoir, disait-il, de prendre souci de l'amélioration du sort des indigènes, de les amener progressivement dans la grande famille française et, si la fusion reste une chimère, d'opérer la réconciliation des deux races. C'est notre devoir et c'est aussi notre intérêt : si nous voulons asseoir notre conquête d'Algérie sur une base indestructible et préparer le succès de nos entreprises dans le centre africain, il est indispensable que nous nous rattachions les musulmans algériens par des liens moins fragiles que ceux qui aujourd'hui les retiennent sous notre domination. »
 

LA COMMISSION DES XVIII ET LA RÉACTION CONTRE LES RATTACHEMENTS

 
A la suite de l'ordre du jour du 6 mars 1891, clôturant une interpellation développée par MM. Dide et Pauliat, le Sénat avait décidé la nomination d'une Commission de dix-huit membres chargée de rechercher, de concert avec le gouvernement, les modifications qu'il y avait lieu d'introduire dans la législation et dans l'organisation des divers services de l'Algérie.
La Commission des XVIII eut la bonne fortune d'avoir à sa tête Jules Ferry, qui lui consacra ce qui lui restait de force et de vie. L'homme d'État éminent auquel la France doit la Tunisie, l'Indo-Chine et Madagascar, l'initiateur et fondateur de notre nouvel empire colonial, se devait à lui-même de s'occuper de l'Algérie. « Il a été, dit M. Émile Combes, l'âme de la Commission, il lui a tracé le programme de ses travaux avec une sûreté de vues qui l'a préservée des tâtonnements et des écarts. Si quelques personnes ont pu craindre tout d'abord qu'il ne sût pas maîtriser assez vigoureusement la fougue de son caractère, nous qui l'avons vu à l'œuvre,
 
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