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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Quelques années plus tard, la Chambre des députés fut saisie de la même question par une interpellation de M. Fleury-Ravarin. Les séances des 8, 9 et 10 novembre 1896 furent consacrées à cette interpellation; l'Assemblée entendit successivement MM. Fleury-Ravarin, Forcioli, Samary, Thomson, Étienne, Viviani, Barthou, ministre de l'Intérieur du cabinet Méline, Bourlier. Les orateurs furent unanimes à faire le procès des rattachements; en même temps qu'ils estimaient que les pouvoirs du gouverneur général devaient être renforcés, ils demandaient comme contre-partie l'institution d'un contrôle sous la forme d'un conseil colonial élu. M. Jules Cambon, commissaire du gouvernement, parla le dernier. Il cita un certain nombre d'exemples topiques qui montraient les inconvénients et même les dangers du système de 1881 : 

« Je crois, dit-il, que ce que demande M. Fleury­Ravarin et ce que je demande moi-même est une chose bien simple et qui ne constitue pas une tyrannie bien lourde; je demande que les attributions qui sont aujourd'hui exercées à Paris, sous le contrôle du ministre, par des directeurs généraux, par des chefs de division et par des chefs de bureaux, soient exercées à Alger par le gouverneur général. Je ne vois pas en quoi l'exercice de ces attributions pèsera plus lourdement sur les populations et en quoi elles seront changées dans leur essence parce qu'elles seront remises aux mains du gouverneur général au lieu d'être laissées à des chefs de bureau et à des chefs de division... Ce que nous demandons, ce que nous croyons nécessaire, c'est de fortifier l'autorité de celui qui représente en Algérie la République et le gouvernement. Mais lorsque nous vous deman­dons de fortifier cette autorité - j'insiste pour écarter complètement une objection qui a couru la presse - nous vous disons aussi : mettez à côté d'elle un contrôle plus fort, plus sérieux que celui qui existe; dotez l'Algérie d'un Conseil élu, chargé uniquement des affaires coloniales, des affaires locales, dans lequel vous ferez entrer les représentants élus des colons et ceux des indigènes eux-mêmes. »

L'ordre du jour motivé qui clôtura l'interpellation déclarait que la Chambre, approuvant les efforts faits depuis quelques années pour rétablir l'ordre dans l'administration algérienne, convaincue que le système des rattachements édicté par les décrets du 26 août 1881 constituait un obstacle au bon fonctionnement des services publics en Algérie et à la réalisation des réformes, invitait le gouvernement : 1° à rapporter immédiatement ces décrets et à réorganiser la haute administration de la colonie; 2° à déposer sans retard un projet de loi, tant pour constituer le contrôle de l'administration de la colonie que pour régler la composition et le fonctionnement du Conseil supérieur. »

 
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