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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  

LE DÉCRET DE 1896

A la suite de ces résolutions, un décret du 31 décembre 1896, abrogeant les décrets de 1881, conféra au gouverneur des pouvoirs propres, qu'une formule générale définissait en ces termes : « Le gouverneur général centralise sous son autorité le gouvernement et la haute administration de l'Algérie. » Le décret précisait ensuite les attributions conférées au gouverneur au point de vue militaire et diplomatique, au point de vue administratif et au point de vue budgétaire. Tous les services civils de l'Algérie étaient placés sous sa direction, à l'exception des services non-musulmans de la justice et des cultes, de l'instruction publique, des services de la trésorerie et des douanes. Le décret de 1896 rendit à peu près au gouverneur les pouvoirs qu'il avait en 1860 après la suppression du ministère de l'Algérie. M. Jules Cambon avait réussi à reconquérir l'indépendance de son administration, suivant la ligne de conduite qui lui avait été inspirée par Jules Ferry. Le gouverneur redevenait vraiment le chef de l'administration algérienne. Ce résultat n'avait pas été obtenu sans peine ni sans résistances, car il menaçait certains intérêts, à vrai dire peu respectables. Sous le régime des rattachements, l'Algérie, gouvernée en théorie de Paris, l'était en réalité par quelques partisans qui menaient facilement les bureaux métropolitains, ignorants des réalités du milieu. « Ceux qui tenaient pour les rattachements, dit Robert de Caix, craignaient non pas de voir l'Algérie devenir moins française, mais de la voir devenir moins politicienne. » Le décret de 1896 était la première victoire remportée sur le régime des rattachements, le point de départ essentiel de toute réforme. Dès lors, tout s'enchaîne logiquement; dans les années qui vont suivre, l'Algérie sera dotée d'une assemblée appelée à délibérer sur son budget, elle recevra son autonomie financière, les territoires du Sud seront pourvus d'une organisation appropriée. Les successeurs de M. Cambon vont compléter son oeuvre et marcher résolument dans la voie qu'il a tracée.

M. LÉPINE (1897-98) - LES TROUBLES ANTISÉMITIQUES

Le choix du gouvernement pour la succession de M. Cambon s'était d'abord porté sur M. Lozé, qui n'accepta pas et c'est M. Lépine qui fut nommé le 1er octobre 1897. On a dit de lui qu'il était un homme brave et un brave homme; payant de sa personne, plein de sang-froid au milieu du danger, il s'était fait par ces qualités une popularité parmi les Parisiens comme préfet de police. Mais il était peu préparé aux fonctions de gouverneur général de l'Algérie, qu'il n'avait pas sollicitées et qu'il ne conserva que quelques mois.
 
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