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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  

M LAFERRIÈRE (1898-1900)

LA CRÉATION DES DÉLÉGATIONS FINANCIÈRES ET LA RÉORGANISATION DU CONSEIL SUPÉRIEUR

 
M. Laferrière, vice-président du Conseil d'État, remplaça M. Lépine en juillet 1898. Jurisconsulte éminent, homme grave et pondéré, il ne se contenta pas de réprimer l'émeute; il voulut en prévenir le retour en faisant les réformes nécessaires. Il rétablit l'ordre dans la rue, dans l'administration, dans les attributions et le fonctionnement des corps administratifs. Le maire antisémite d'Alger, Max Régis, fut suspendu; un « préfet à poigne », M. Lutaud, fut nommé. Mais M. Laferrière eut le grand mérite de comprendre que des mesures de répression ne suffisaient pas et que, pour atteindre le mal dans ses racines, pour détourner les Algériens des agitations stériles de la rue, il fallait donner un élément à leur activité. Il obtint du gouvernement les décrets du 23 août 1898, qui sont une sorte de constitution de l'Algérie.
Le premier de ces décrets, relatif aux attributions du gouverneur général, reproduisait le décret de 1896 et modifiait quelques-unes de ses dispositions pour fortifier et préciser les pouvoirs du gouverneur général. Un second décret créait, sous le nom de Délégations financières algériennes, une assemblée élective nouvelle, qui a pour but d'apporter au gouvernement général de l'Algérie le concours d'opinions libres, d'avis éclairés et de vœux réfléchis, émis par des représentants directs des contribuables algériens sur toutes les questions d'impôts et de taxes assimilées. Cette assemblée se compose de trois délégations; celle des colons (24 membres) représente les intérêts de la colonisation et de l'agriculture; celle des non-colons (24 membres) représente les intérêts des commerçants, des industriels, des ouvriers; celle des indigènes (21 membres, dont 6 forment la section kabyle) représente les intérêts de la population indigène. Les Délégations délibèrent d'abord séparément, puis se réunissent en séance plénière pour le vote du budget. Corrélativement, le corps électoral, au lieu de former une masse unique, est divisé en plusieurs groupes nommant chacun une délégation. Il faut, pour être électeur aux Délégations financières, avoir vingt-cinq ans d'âge, être Français depuis douze ans au moins et résider en Algérie depuis trois ans au moins. Quant à la délégation indigène, le décret de 1898 la faisait élire par les indigènes figurant dans les conseils municipaux des communes de plein exercice ou dans les commissions municipales des communes mixtes. Un troisième décret réorganisait le Conseil supérieur en y introduisant jusqu'à concurrence de plus de moitié (31 membres sur 60) des éléments électifs issus des Délégations financières et des Conseils généraux. Ces deux assemblées devaient être purement consultatives jusqu'à l'institution du budget spécial de l'Algérie.
 
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