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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Si bref qu'ait été son séjour, son oeuvre est considérable; sans parler de la question du Touat, dont il sera parlé plus loin, il avait, par son tact et sa fermeté, rétabli l'ordre matériel et amené les Algériens à une vue plus calme et plus raisonnable des choses. Par la création des Délégations financières, il avait contribué puissamment à l'évolution qui éloignait l'Algérie du système de l'assimilation, injuste pour les indigènes et démoralisateur pour les Français. Il avait compris qu'au moment où l'Algérie devenait majeure, il fallait se livrer à un délicat travail d'équilibre et légiférer pour chacun des groupes ethniques qui s'y coudoient sans se confondre. Il avait préparé la solution du problème qui consistait à donner à ce pays la disposition de ses deniers sans rien sacrifier des droits imprescriptibles de la mère-patrie, traduit en formules vivantes et précises les aspirations et les espérances de l'Algérie, marqué d'une empreinte ineffaçable son passage à la tête des affaires de notre grande colonie.
 

M. JONNART (1900-1901) ET LE BUDGET SPÉCIAL

C'est M. Jonnart qui fut appelé à la succession de M. Laferrière ; son premier gouvernement ne dura que quelques mois (octobre 1900-mai 1901) ; comme son prédécesseur, il dut abandonner sa tâche pour des raisons de famille et de santé. Mais il devait revenir à deux reprises au gouvernement général, de 1903 à 1911 et de 1918 à 1919.
Nul n'a accompli en Algérie une oeuvre plus considérable que celle de M. Jonnart et n'y a laissé des traces plus durables. Né à Fléchin (Pas-de-Calais) en 1857, il descendait d'une vieille famille d'agriculteurs de la région. Il avait vingt-quatre ans lorsqu'en 1881 M. Tirman, appelé au gouvernement général de l'Algérie par Gambetta, le choisit comme chef de cabinet. De 1885 à 1889, il fut chef des services de l'Algérie au ministère de l'Intérieur. Élu député en 1889, il fut dès 1893 appelé à faire partie du ministère Casimir-Périer comme ministre des Travaux publics. Au Parlement, il ne cessa de se préoccuper des questions algériennes; sa parfaite connaissance des hommes et des choses de notre colonie lui permit de rédiger son rapport de 1892 et lorsque, en 1900, Waldeck-Rousseau lui confia le gouvernement général, il lui fut donné d'appliquer le programme qu'il avait lui-même tracé.
M. Jonnart est, de tous les gouverneurs de l'Algérie, celui qui l'a le plus aimée. Au cours d'une carrière exceptionnellement brillante, il a occupé avec distinction les postes les plus considérables. Mais c'est dans sa carrière africaine qu'il trouva l'emploi le plus fécond de ses hautes qualités; c'est la partie de son oeuvre à laquelle lui-même, non sans raison, attachait le plus de prix.
 
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