Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE IV  - CHAP. 1 Page suivante
  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Une loi devait statuer sur l'organisation et les attributions du Conseil supérieur et des Délégations financières, qui, en attendant, continueraient à être régies par les décrets de 1898.
La loi de 1900 est un acte marquant dans l'histoire de l'Algérie. Les hommes d'État qui l'ont fait voter ont compris que ce pays ne pouvait se développer et se fortifier dans les liens qui l'enserraient, qui faisaient dépendre chacun de ses mouvements d'impulsions lointaines et diverses. Alors que tout le monde reconnaissait que l'essor de la colonie et le souci de son avenir nécessitaient de sérieux efforts, la majeure partie du produit des taxes nouvelles et le bénéfice des excédents de recettes lui échappaient. Le budget spécial mit fin à cette situation.
 

L 'AFFAIRE DE MARGUERITTE

 
M. Laferrière avait attiré l'attention sur les graves inconvénients des actes de désordre dans une colonie dont la population n'était pas entièrement française. Les événements ne devaient pas tarder à lui donner raison. Le 26 avril 1901, le village de Margueritte, situé à 9 kilomètres de Miliana, était assailli par une bande d'insurgés appartenant à la tribu des Rirhas ; l'instigateur du mouvement était un certain Yacoub, employé d'un colon européen, qui se découvrit tout à coup une vocation de prophète et d'illuminé; les indigènes donnèrent aux Européens qu'ils rencontrèrent le choix entre la conversion à l'islam et la mort; ceux qui consentirent à coiffer la chéchia et à prononcer la profession de foi musulmane furent épargnés. Une compagnie de tirailleurs, envoyée de Miliana, mit bientôt fin aux exploits de ces fanatiques; cinq Européens et seize indigènes avaient été tués.

L'affaire de Margueritte, peu importante en elle-même, était grave comme symptôme. Elle montrait que la mentalité des indigènes n'avait guère changé et qu'ils étaient encore disposés à suivre le premier agitateur qui se présenterait. Elle prouvait que les querelles des Européens sont pour les indigènes un fâcheux exemple et que les Français d'Algérie, de même qu'en 1871, avaient été imprudents en agis­sant comme s'ils n'étaient pas entourés d'une population musulmane dix fois plus nombreuse qu'eux. Elle témoignait, comme les troubles antijuifs eux-mêmes, des inconvénients de l'incohérence administrative, conséquence du système des rattachements. Elle nous avertissait enfin que nous avions trop perdu de vue le problème indigène, trop négligé nos devoirs de surveillance et de tutelle.

 
  437  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante