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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Enfin la colonie, pourvue d'un budget spécial, ne pouvait ni ne voulait s'imposer la charge purement impériale de la pénétration saharienne, il fallait réagir contre la tendance des conseils généraux et des assemblées algériennes à employer dans le Tell, dans les régions de colonisation, les maigres ressources fournies par le Sud. La loi du 4 décembre 1902 créa les nouveaux territoires et le décret du 30 décembre 1903 détermina les conditions du fonctionnement de leur budget. De ces textes est issue une colonie nouvelle, dotée de la personnalité civile, pouvant posséder des biens, concéder des chemins de fer, contracter des emprunts, tout à fait distincte en un mot de l'Algérie du Nord, à laquelle elle n'est reliée que par une sorte d'union personnelle, la communauté du chef, et par un petit nombre d'insti­tutions communes. Les territoires du Sud sont placés sous l'autorité immédiate du gouverneur général, qui y exerce toutes les attributions qui lui ont été dévolues dans l'Algérie du Nord et en outre toutes celles qu'y exercent les préfets. Chargé d'assurer la défense de ces régions et d'y maintenir l'ordre, il dispose des troupes qui y sont stationnées, sauf à ne pas les faire sortir de leur circonscription sans autorisation préalable et à rendre compte au gouvernement des mouvements qu'il ordonne. Une direction spéciale, confiée à un fonctionnaire désigné par décret, est chargée au gouvernement général de tout ce qui concerne l'administration et le contrôle de ces territoires.
La limite entre l'Algérie du Nord et les territoires du Sud a été fixée par la loi de 1902, qui a partagé en deux les hauts-plateaux, englobant dans les territoires du Sud, pour des raisons d'équilibre financier, la partie méridionale des anciens territoires militaires. La colonie comprend quatre territoires, dont les limites et les chefs-lieux ont varié à différentes reprises. A la tête de chaque territoire, un commandant militaire, nommé par décret, dirige à la fois les services militaires et administratifs. Les territoires sont divisés en cercles et annexes, dont l'administration est confiée aux officiers du service des affaires indigènes. C'est en somme, à peu de chose près, le régime des anciens territoires de commandement de l'Algérie.
Il semblait que la nouvelle organisation dût avoir pour corollaire la suppression des départements ou tout au moins des budgets départementaux. M. Jonnart avait demandé cette suppression dès 1892 et une Commission des réformes administratives, instituée par M. Révoil en novembre 1901, avait conclu dans le même sens. Les départements algériens et leur organisation, d'un parallélisme aussi rigoureux qu'absurde avec celle des départements métropolitains, étaient un legs de la période d'assimilation; ils ne semblaient pas devoir résister au jeu naturel de l'autonomie algérienne. En 1902, M. Bertrand, président des Délégations financières, qui jouissait d'une grande autorité dans cette assemblée, y fit le procès des départements; il leur reprocha d'entretenir l'esprit de sofs et les rivalités locales, de faire obstacle aux plans d'ensemble en matière de travaux publics, chaque département voulant avoir le même nombre de kilomètres de routes et de chemins de fer, la même part dans les dépenses hydrauliques, etc.
 
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