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Enfin la colonie, pourvue d'un budget spécial, ne pouvait ni ne
voulait s'imposer la charge purement impériale de la pénétration
saharienne, il fallait réagir contre la tendance des conseils
généraux et des assemblées algériennes à employer dans le Tell,
dans les régions de colonisation, les maigres ressources fournies
par le Sud. La loi du 4 décembre 1902 créa les nouveaux
territoires et le décret du 30 décembre 1903 détermina les
conditions du fonctionnement de leur budget. De ces textes est issue
une colonie nouvelle, dotée de la personnalité civile, pouvant
posséder des biens, concéder des chemins de fer, contracter des
emprunts, tout à fait distincte en un mot de l'Algérie du Nord, à
laquelle elle n'est reliée que par une sorte d'union personnelle,
la communauté du chef, et par un petit nombre d'institutions
communes. Les territoires du Sud sont placés sous l'autorité
immédiate du gouverneur général, qui y exerce toutes les
attributions qui lui ont été dévolues dans l'Algérie du Nord et
en outre toutes celles qu'y exercent les préfets. Chargé d'assurer
la défense de ces régions et d'y maintenir l'ordre, il dispose des
troupes qui y sont stationnées, sauf à ne pas les faire sortir de
leur circonscription sans autorisation préalable et à rendre
compte au gouvernement des mouvements qu'il ordonne. Une direction
spéciale, confiée à un fonctionnaire désigné par décret, est
chargée au gouvernement général de tout ce qui concerne
l'administration et le contrôle de ces territoires.
La limite entre l'Algérie du Nord et les territoires du Sud a été
fixée par la loi de 1902, qui a partagé en deux les
hauts-plateaux, englobant dans les territoires du Sud, pour des
raisons d'équilibre financier, la partie méridionale des anciens
territoires militaires. La colonie comprend quatre territoires, dont
les limites et les chefs-lieux ont varié à différentes reprises.
A la tête de chaque territoire, un commandant militaire, nommé par
décret, dirige à la fois les services militaires et
administratifs. Les territoires sont divisés en cercles et annexes,
dont l'administration est confiée aux officiers du service des
affaires indigènes. C'est en somme, à peu de chose près, le
régime des anciens territoires de commandement de l'Algérie.
Il semblait que la nouvelle organisation dût avoir pour corollaire
la suppression des départements ou tout au moins des budgets
départementaux. M. Jonnart avait demandé cette suppression dès
1892 et une Commission des réformes administratives, instituée par
M. Révoil en novembre 1901, avait conclu dans le même sens. Les
départements algériens et leur organisation, d'un parallélisme
aussi rigoureux qu'absurde avec celle des départements
métropolitains, étaient un legs de la période d'assimilation; ils
ne semblaient pas devoir résister au jeu naturel de l'autonomie
algérienne. En 1902, M. Bertrand, président des Délégations
financières, qui jouissait d'une grande autorité dans cette
assemblée, y fit le procès des départements; il leur reprocha
d'entretenir l'esprit de sofs et les rivalités locales, de faire
obstacle aux plans d'ensemble en matière de travaux publics, chaque
département voulant avoir le même nombre de kilomètres de routes
et de chemins de fer, la même part dans les dépenses hydrauliques,
etc.
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