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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
on déclara que c'était là une « justice à la turque » ; on se plaignit de l'attribution du rôle de ministère public aux administrateurs, de la suppression du droit d'appel, de la citation verbale.
M. Albin Rozet se fit à la tribune de la Chambre l'écho de ces critiques. Les réclamations à vrai dire ne venaient pas seulement d'honorables scrupules juridiques; elles émanaient pour une bonne part des agents d'affaires qui regrettaient de voir une justice simple et peu coûteuse se substituer à celle dont ils avaient si bien su profiter. L'institution, peut-être critiquable au point de vue du droit, avait le mérite d'être adaptée aux réalités et aux nécessités algériennes, de procurer une justice plus prompte, plus rapprochée du justiciable. Le garde des sceaux promit d'apporter aux tribunaux répressifs quelques retouches, qui rendirent leur fonctionnement plus satisfaisant.
 

LA DÉMISSION DE M. RÉVOIL ET LE VOYAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

 
Victime d'incidents de politique intérieure et de basses compétitions, M. Révoil se vit obligé, le 11 avril 1903, de donner sa démission. Il abandonnait, contraint et forcé, l'œuvre à laquelle il avait consacré son ardeur et sacrifié une partie de sa santé. Indépendamment des causes particulières qui avaient provoqué son départ, M. Révoil s'était évidemment heurté à une opposition tenace et secrète contre les nouvelles institutions algériennes. Après avoir fait du gouverneur général un très haut personnage de l'État, on le brisait comme un fonctionnaire subalterne.
L'émotion fut très vive en Algérie, où M. Révoil s'était rendu populaire par son dévouement aux intérêts algériens, l'aménité de son caractère et la cordialité de ses relations. Le départ du gouverneur général était d'autant plus regrettable qu'il se produisait à la veille du voyage du Président de la République, M. Loubet. En accueillant le chef de l'État, M. Bertrand ne cacha pas les sentiments de l'Algérie pour son gouverneur : « M. Révoil, dit-il, qui avait donné tant de preuves de dévouement à la cause des colons et des indigènes, qui avait su grouper toutes les énergies dans un même effort pour la prospérité de l'Algérie, dont le zèle était inlassable, après les témoignages unanimes de confiance qu'il avait reçus de tous les points de la colonie, après nous avoir en dernier lieu vaillamment et avec succès défendus devant la Chambre, vient de résigner ses fonctions dans des conditions particulièrement inattendues. Nous aurions voulu pouvoir l'acclamer à vos côtés. Nous avons le devoir, au début de ce voyage, après vous avoir souhaité la plus cordiale bienvenue, d'adresser à M. Révoil, avec nos remerciements émus, l'expression de nos plus vifs regrets. "
 
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