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on déclara que
c'était là une « justice à la turque » ; on se plaignit
de l'attribution du rôle de ministère public aux
administrateurs, de la suppression du droit d'appel, de la
citation verbale.
M. Albin Rozet se fit à la tribune de la
Chambre l'écho de ces critiques. Les réclamations à vrai
dire ne venaient pas seulement d'honorables scrupules
juridiques; elles émanaient pour une bonne part des agents
d'affaires qui regrettaient de voir une justice simple et
peu coûteuse se substituer à celle dont ils avaient si
bien su profiter. L'institution, peut-être critiquable au
point de vue du droit, avait le mérite d'être adaptée aux
réalités et aux nécessités algériennes, de procurer une
justice plus prompte, plus rapprochée du justiciable. Le
garde des sceaux promit d'apporter aux tribunaux répressifs
quelques retouches, qui rendirent leur fonctionnement plus
satisfaisant. |
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LA DÉMISSION DE
M. RÉVOIL ET LE VOYAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE |
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Victime d'incidents de
politique intérieure et de basses compétitions, M. Révoil
se vit obligé, le 11 avril 1903, de donner sa démission.
Il abandonnait, contraint et forcé, l'œuvre à laquelle il
avait consacré son ardeur et sacrifié une partie de sa
santé. Indépendamment des causes particulières qui
avaient provoqué son départ, M. Révoil s'était
évidemment heurté à une opposition tenace et secrète
contre les nouvelles institutions algériennes. Après avoir
fait du gouverneur général un très haut personnage de
l'État, on le brisait comme un fonctionnaire subalterne.
L'émotion fut très vive en Algérie, où M. Révoil
s'était rendu populaire par son dévouement aux intérêts
algériens, l'aménité de son caractère et la cordialité
de ses relations. Le départ du gouverneur général était
d'autant plus regrettable qu'il se produisait à la veille
du voyage du Président de la République, M. Loubet. En
accueillant le chef de l'État, M. Bertrand ne cacha pas les
sentiments de l'Algérie pour son gouverneur : « M. Révoil,
dit-il, qui avait donné tant de preuves de dévouement à
la cause des colons et des indigènes, qui avait su grouper
toutes les énergies dans un même effort pour la
prospérité de l'Algérie, dont le zèle était inlassable,
après les témoignages unanimes de confiance qu'il avait
reçus de tous les points de la colonie, après nous avoir
en dernier lieu vaillamment et avec succès défendus devant
la Chambre, vient de résigner ses fonctions dans des
conditions particulièrement inattendues. Nous aurions
voulu pouvoir l'acclamer à vos côtés. Nous avons le devoir, au début
de ce voyage, après vous avoir souhaité la plus cordiale bienvenue,
d'adresser à M. Révoil, avec nos remerciements émus,
l'expression de nos plus vifs regrets. " |
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