Le voyage du Président Loubet dura du 15 au 26 avril.
L'Espagne, l'Italie, la Russie et la Grande-Bretagne
envoyèrent des navires de guerre le saluer à Alger.
" J'apporte ici, déclara M. Loubet, avec la sollicitude
cordiale de la mère-patrie pour ses enfants, le désir
d'étudier sur place la situation et les intérêts d'un
admirable pays, où nous poursuivons un idéal à la fois
économique et moral, et où l'exercice de la liberté doit
être concilié avec ses responsabilités et ses devoirs.
" M. Loubet recommanda l'union de tous les Français
d'Afrique, l'apaisement et la concorde entre tous les peuples
et toutes les races. Il constata que les discordes étaient
beaucoup plus superficielles de près qu'elles ne le
paraissaient de loin et que le prétendu antagonisme entre les
colons et les indigènes n'existait en aucune façon. Le 21
avril, une magnifique revue fut passée au Khreider en
présence du Président, dont le voyage contribua au
rétablissement du calme dans la colonie. Quelques jours
après, M. Jonnart était nommé gouverneur général et
reprenait l'œuvre que son état de santé ne lui avait pas
permis d'achever en 1900. Il allait, cette fois, passer près
de neuf années au gouvernement général et mettre fin à la
regrettable précarité qui avait caractérisé les
gouverneurs généraux depuis le départ de M. Cambon.
L'évolution politique commencée en 1896 est à ce moment
achevée. Ses principales étapes avaient été la
restauration des pouvoirs du gouverneur en 1896, la création
des Délégations financières en 1898, l'institution du
budget spécial en 1900, l'organisation des territoires du Sud
en 1902. Ces divers actes ont donné à l'Algérie sa
constitution nouvelle telle qu'elle existe aujourd'hui. Les
solutions adoptées tenaient compte des deux éléments du
problème, les Européens et les indigènes; ils conciliaient
la liberté nécessaire à la colonie avec le contrôle non
moins nécessaire de la métropole. On renonçait
définitivement aux erreurs de l'assimilation aussi bien qu'à
celles du royaume arabe.
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