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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Le budget spécial a été l'instrument d'indéniables progrès. Qu'il s'agit de colonisation, d'enseignement public, des oeuvres de prévoyance, d'assistance et d'hygiène, de la conservation et de l'exploitation des forêts, de l'organisation des territoires du Sud, de l'exécution dans le Nord comme dans le Sud d'importants travaux publics, le nouveau régime de décentralisation provoqua d'heureuses initiatives et des solutions fécondes. Maîtresse de son budget, l'Algérie pouvait désormais en toute sécurité procéder à l'inventaire de ses ressources et de ses besoins, formuler un programme d'ensemble, escompter l'avenir, coordonner et sérier ses efforts et ses sacrifices.

Les assemblées algériennes montrèrent une prudence et une sagesse exemplaires. " Nous ignorions, dit M. Jonnart, les délégués financiers et moi, cette grande politique qui consiste à se dresser de mutuelles embûches pour épuiser le meilleur de son temps en vaines querelles et en débats stériles ; nous nous complaisions dans cette pauvre petite politique bien modeste et peu bruyante qui consistait à nous rapprocher et à nous donner la main, à rechercher consciencieusement ensemble les meilleures solutions, à associer nos faibles lumières et nos bonnes volontés, à sacrifier au besoin quelques-unes de nos vues à l'intérêt général et surtout au désir de concorde. Nous estimions que le bruit ne fait pas de bien et que le bien ne fait pas de bruit. Divisés, nous eussions été impuissants; c'est seulement en restant unis, groupés, étroitement associés, que nous avions quelque chance d'assurer le succès de nos démarches, de protéger et de défendre utilement l'Algérie. Nous devions rester unis pour favoriser l'épanouissement de toutes les forces vives de ce pays, de toutes ses énergies latentes et pour justifier la confiance et les espérances de la mère-patrie. "

La principale préoccupation des assemblées algériennes fut de doter l'Algérie d'un budget sincère et solide; leur gestion fut ordonnée, méthodique, prudente; cette oeuvre leur faisait d'autant plus honneur qu'elle se poursuivait au milieu de réelles difficultés économiques, notamment de graves crises viticoles. Les forces contributives d'un pays en formation, où il y avait peu de richesse acquise, où le sort de beaucoup de colons restait précaire, exigeaient de grands ménagements. En dix ans, le budget spécial fut aménagé, affermi, consolidé. La dotation annuelle des divers services fut augmentée; un fonds de réserve, formé pour la majeure partie de plus-values budgétaires, fut constitué. Un vaste programme de travaux publics fut mis sur pied, comportant la construction de 1 000 kilomètres de chemins de fer, d'un important réseau de routes nationales, l'amélioration des ports, l'exécution de travaux hydrauliques.

 
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