Le régime des transports maritimes ne soulevait pas de moins vives
critiques que celui des transports terrestres ; mais ici, l'action
du gouverneur était à peu près impuissante. Les grèves des
inscrits maritimes de 1904 furent désastreuses pour l'Algérie et
causèrent en particulier de cruels dommages au trafic des primeurs.
Après de longues négociations, M. Jonnart réussit à obtenir du
Parlement le vote de la loi du 22 juillet 19o9, qui autorisa le
gouvernement, dans les circonstances exceptionnelles, à suspendre
temporairement le monopole de pavillon et posa le principe de la
liaison de la métropole avec l'Algérie, en cas de grève maritime,
par des navires empruntant leurs équipages à la marine nationale.
L'expérience montra que ces mesures, si elles diminuaient un peu
les inconvénients des grèves maritimes, ne suffisaient pas à en
supprimer tous les effets désastreux.
Pour les forêts comme pour les chemins de fer, l'excessive
centralisation, l'éparpillement des responsabilités, la manie
assimilatrice avaient abouti aux plus fâcheux résultats. Ils
avaient été maintes fois signalés. L'application du Code
forestier de 1827, l'organisation même du service des forêts, ne
tenaient compte ni des usages, ni des besoins impérieux des
populations. L'application rigoureuse du Code forestier
métropolitain était arrivée à ce résultat de ruiner
progressivement à la fois les indigènes et le domaine forestier;
les indigènes étaient dévorés par les procès-verbaux et les
forêts par les incendies.
La loi du 21 février 1903 substitua à la réglementation en
vigueur en France des dispositions propres à l'Algérie, plus
larges et plus souples. Le gouverneur, de qui relevait désormais le
personnel forestier, édicta les mesures nécessaires à
l'application de la loi nouvelle; il s'efforça de concilier la
sauvegarde des forêts avec les besoins des populations pastorales.
Des dispositions furent prises pour rendre plus efficaces les
précautions contre les incendies, dont la fréquence diminua
notablement; mieux défendues, les forêts algériennes furent aussi
mieux exploitées ; auparavant, elles brûlaient et ne rapportaient
rien : désormais, elles rapportèrent et ne brûlèrent plus.
Il fallait travailler aussi à mettre en valeur les gisements
miniers que possédait la colonie. L'affaire de l'Ouenza fut, en
cette matière, un exemple mémorable des intolérables abus
auxquels peut conduire l'excès du formalisme et de la
centralisation. Il s'agissait d'un gisement de minerai de fer situé
dans le département de Constantine, qu'on évaluait à 30 ou 40
millions de tonnes, masse assez importante sans doute, mais ne
représentant guère plus comme tonnage que la plus petite des
concessions de Meurthe-et-Moselle.
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