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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Le régime des transports maritimes ne soulevait pas de moins vives critiques que celui des transports terrestres ; mais ici, l'action du gouverneur était à peu près impuissante. Les grèves des inscrits maritimes de 1904 furent désastreuses pour l'Algérie et causèrent en particulier de cruels dommages au trafic des primeurs. Après de longues négociations, M. Jonnart réussit à obtenir du Parlement le vote de la loi du 22 juillet 19o9, qui autorisa le gouvernement, dans les circonstances exceptionnelles, à suspendre temporairement le monopole de pavillon et posa le principe de la liaison de la métropole avec l'Algérie, en cas de grève maritime, par des navires empruntant leurs équipages à la marine nationale. L'expérience montra que ces mesures, si elles diminuaient un peu les inconvénients des grèves maritimes, ne suffisaient pas à en supprimer tous les effets désastreux.

Pour les forêts comme pour les chemins de fer, l'excessive centralisation, l'éparpillement des responsabilités, la manie assimilatrice avaient abouti aux plus fâcheux résultats. Ils avaient été maintes fois signalés. L'application du Code forestier de 1827, l'organisation même du service des forêts, ne tenaient compte ni des usages, ni des besoins impérieux des populations. L'application rigoureuse du Code forestier métropolitain était arrivée à ce résultat de ruiner progressivement à la fois les indigènes et le domaine forestier; les indigènes étaient dévorés par les procès-verbaux et les forêts par les incendies.
La loi du 21 février 1903 substitua à la réglementation en vigueur en France des dispositions propres à l'Algérie, plus larges et plus souples. Le gouverneur, de qui relevait désormais le personnel forestier, édicta les mesures nécessaires à l'application de la loi nouvelle; il s'efforça de concilier la sauvegarde des forêts avec les besoins des populations pastorales. Des dispositions furent prises pour rendre plus efficaces les précautions contre les incendies, dont la fréquence diminua notablement; mieux défendues, les forêts algériennes furent aussi mieux exploitées ; auparavant, elles brûlaient et ne rapportaient rien : désormais, elles rapportèrent et ne brûlèrent plus.

Il fallait travailler aussi à mettre en valeur les gisements miniers que possédait la colonie. L'affaire de l'Ouenza fut, en cette matière, un exemple mémorable des intolérables abus auxquels peut conduire l'excès du formalisme et de la centralisation. Il s'agissait d'un gisement de minerai de fer situé dans le département de Constantine, qu'on évaluait à 30 ou 40 millions de tonnes, masse assez importante sans doute, mais ne représentant guère plus comme tonnage que la plus petite des concessions de Meurthe-et-Moselle.

 
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