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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Une société s'engageait à construire à ses frais, sans subvention ni garantie d'intérêt, un chemin de fer de 200 kilomètres de l'Ouenza à Bône, à faire également à ses frais les installations nécessaires dans le port de Bône, enfin à payer à la colonie une redevance pour l'extraction du minerai, qui devait s'élever au minimum à un million de tonnes par an. " C'était, dit M. Jonnart, la plus belle affaire que l'Algérie eût jamais connue. " M. Révoil avait signé en 1903 un contrat d'option que M. Jonnart s'empressa d'approuver. Cependant la déclaration d'utilité publique rencontra des difficultés insurmontables; les résistances provenaient surtout des producteurs de minerais de fer de Suède et d'Espagne, minerais de composition analogue à ceux de l'Ouenza, inquiets de cette concurrence, tandis que les métallurgistes étaient désireux d'échapper par l'exploitation de l'Ouenza à leurs fournisseurs habituels et de s'approvisionner directement. L'affaire se compliqua de considérations et interventions de toutes sortes : soucis patriotiques parce que la société comprenait des métallurgistes étrangers, rivalité de Bône et de Bizerte qui prétendait devenir le débouché du minerai. Le dossier, approuvé par les assemblées algériennes, fut transmis au gouvernement en 1904 et un projet de loi déposé, concluant à l'approbation. Après les délais d'une procédure interminable, qui dura plus de sept ans, la discussion vint enfin devant la Chambre en janvier 1910 ; mais il fut impossible d'obtenir le vote du projet.
L'affaire de l'Ouenza avait fait durement sentir à l'Algérie les dangers de notre procédure administrative. Elle montrait la nécessité de libérer les mines et les travaux publics de l'Algérie, comme le sont ceux de sa voisine, la Tunisie, d'une réglementation favorable surtout à ceux qui prétendent lui interdire de mettre à profit ses richesses naturelles.
Les assemblées algériennes secondèrent efficacement tous les progrès dans l'ordre moral et intellectuel aussi bien que dans l'ordre matériel. Outre les sommes prélevées sur le budget ordinaire, sur le fonds de réserve et sur les fonds d'emprunt pour la colonisation, les travaux publics, l'aménagement des forêts, il faut noter celles qui furent consacrées au développement de l'assistance, aux progrès de l'hygiène, à la distribution de l'enseignement public à tous les degrés. Les lois sociales de la métropole et la législation ouvrière française furent étendues à l'Algérie dans la mesure où elles étaient compatibles avec les conditions d'existence spéciales à la colonie et avec les modifications reconnues nécessaires en ce qui concernait les indigènes et les étrangers. Une dotation de près de 3 millions de francs fut inscrite à l'emprunt de 1908 pour l'amélioration et la modernisation des hôpitaux civils. Un Institut Pasteur fut organisé à Alger en 1910 ; des savants remarquables, comme le docteur Sergent et le docteur Foley, y poursuivirent de remarquables études sur l'hygiène et sur les maladies des hommes, des animaux et des plantes.
 
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