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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Homme de parti et qui ne s'en cachait pas, M. Lutaud sut cependant faire plus et mieux que de la politique électorale et préfectorale, s'élever à des vues d'ensemble dignes de ses hautes fonctions, apporter sa contribution, qui n'est pas sans importance ni sans intérêt, à l'organisation de l'Algérie nouvelle. C'est à lui qu'incomba la tâche difficile de gouverner la colonie pendant presque toute la durée de la grande guerre.
La situation de l'Algérie en 1914, à la veille du grand conflit mondial, était des plus satisfaisantes, aussi bien au point de vue politique qu'au point de vue économique. Les troubles de l'antisémitisme avaient pris fin et le souvenir même en était effacé. L'entente était demeurée parfaite entre les gouverneurs et les assemblées algériennes; celles-ci comptaient des hommes d'un réel mérite, sérieux, pratiques, profondément dévoués aux intérêts de l'Algérie, soucieux du bien public. Le budget avait passé de 58 millions en 1901 à 175 millions en 1914. Comme les assemblées locales apportaient une grande prudence dans l'évaluation des dépenses et les prévisions de recettes, chaque année des excédents, qui en treize ans s'étaient élevés à 115 millions, étaient versés au fonds de réserve. L'Algérie avait à la fois une dette très faible et des réserves fiscales intactes; les Européens ne payaient ni la contribution foncière sur la propriété non-bâtie, ni l'impôt sur les successions; plusieurs impôts indirects de la métropole n'existaient pas ou ne comportaient que des taux très réduits. Ces privilèges, longtemps légitimes et nécessaires, étaient appelés tôt ou tard à disparaître, les colons étaient les premiers à en convenir; leurs représentants déclaraient qu'ils se rallieraient volontiers à un système qui établirait les mêmes obligations fiscales pour les Européens et les indigènes. Dès 1911, M. Lutaud, avec une claire vision des nécessités politiques et financières, avait fait étudier la réforme du régime des impôts; la grande guerre allait en hâter la réalisation.

II

 

LES EUROPÉENS ET LA SITUATION DÉMOGRAPHIQUE

 
La population européenne a passé de 531 000 âmes en 1891 à 579 000 en 1896; le dernier recensement effectué avant la guerre, celui de 1911, constatait la présence de 752 000 Européens, dont 5 000 dans les territoires du Sud. Cet accroissement est dû surtout aux excédents de la natalité; à partir de 1896, le nombre des Européens nés en Algérie l'emporte sur celui des immigrés; c'est là une importante étape dans la voie de la formation d'un peuple algérien.
 
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