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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
plus de 18 000 enfants européens d'âge scolaire ne pouvaient, faute de place, fréquenter les écoles primaires; les Délégations financières décidèrent la création de 379 classes nouvelles et consacrèrent à cette oeuvre les premiers excédents de recettes du budget spécial. Par l'école, par la langue, par l'administration et l'ambiance, les étrangers naturalisés se mêlaient de plus en plus aux Français. M. Louis Bertrand, dans le Sang des races, a parfaitement décrit cette évolution de l'Espagnol enrichi qui tente de retourner dans son pays natal, mais qui s'y trouve dépaysé et revient en Algérie où la vie est plus libre et lui semble plus belle : il est devenu Algérien.
 

LA COLONISATION

 
Le meilleur moyen de faire contrepoids à l'élément étranger, naturalisé ou non, était d'intensifier le peuplement français rural. La précarité de notre oeuvre dans le Nord de l'Afrique apparaîtrait bientôt si, négligeant les enseignements de l'histoire, nous n'envisagions pas les conséquences de l'infiltration nécessaire des éléments étrangers et de l'accroissement continu de la population indigène. Pour asseoir notre domination sur des bases indestructibles, il est indispensable que les émigrants de notre race et de notre pays constituent un noyau solide et résistant de population rurale, car un pays finit toujours par appartenir à celui qui y cultive la terre. Le moyen le plus pratique d'atteindre ce résultat, c'est l'attribution de la terre à des familles françaises, soit par la concession gratuite, soit par la vente, avec résidence obligatoire dans les deux cas. C'est ce but que s'est toujours proposé la colonisation officielle et qu'à travers bien des erreurs et bien des vicissitudes, elle a finalement atteint dans une large mesure.
Les lois de 1873 et de 1887 sur la propriété foncière, inspirées du même désir ouvrir tout le pays aux colons, assimiler la propriété algérienne à celle de la métropole, avaient donné des résultats médiocres. Les avantages qu'on en attendait pour la colonisation ne s'étaient pas réalisés ; le domaine avait acquis très peu de terres ; les indigènes, ruinés par les licitations, avaient continué à vivre dans l'indivision et les titres qu'on leur avait délivrés étaient restés entre leurs mains de vains chiffons de papier. Là encore, il fallut reconnaître que le progrès ne s'impose pas par des mesures législatives. La loi du 16 février 1897, abrogeant les procédures d'ensemble, leur substitua un système d'enquêtes partielles permettant aux propriétaires et acquéreurs de terres indigènes d'obtenir la délivrance de titres français d'une valeur inattaquable. On ne prétendait plus opérer d'office la mobilisation de tout le sol algérien : on l'attendait désormais de la libre initiative des particuliers.
 
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