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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Des villages sont projetés sur les hauts plateaux ou dans les hautes vallées du Tell et l'aire du peuplement français s'étend vers le Sud jusqu'à la limite des steppes. La surface des concessions est élevée à 30 ou 40 hectares, des essais de peuplement régional sont tentés. Les émigrants sont empruntés surtout aux départements des Hautes-Alpes, de l'Ardèche, de la Lozère, de l'Aveyron, de l'Ariège. Enfin la législation est remaniée et assouplie. Le décret du 30 septembre 1878, qui régissait la colonisation officielle et qui était l'objet de nombreuses critiques, fait place au décret du 13 septembre 1904.
Ce décret admet concurremment quatre modes d'aliénation : 1° la vente à prix fixe à bureau ouvert au bureau des domaines du chef-lieu du département; 2° la vente aux enchères par adjudication publique; 3° la vente de gré à gré exceptionnellement; 4° la concession gratuite quand l'intérêt de la colonisation l'exige. Les acquéreurs doivent être Français; ils sont tenus à dix années de résidence; les deux tiers des lots sont réservés aux immigrants et l'étendue maxima des concessions portée à 200 hectares. Le décret réalise en somme trois réformes principales : le système de la vente est autorisé, mais non imposé; l'obligation de résidence est portée à dix ans; la surface des lots est augmentée et leur étendue peut être désormais plus ou moins grande suivant les circonstances. La vente à bureau ouvert devient le procédé normal d'aliénation des terres; il permet d'acquérir la propriété immédiatement et dans des conditions avantageuses. Ce procédé assure le recrutement de colons mieux pourvus de ressources, mieux à même de vaincre les difficultés, plus attachés à la terre en raison des sacrifices qu'ils ont faits. Au point de vue financier, la colonie récupère par la vente une partie de ses dépenses, de plus en plus élevées par suite du prix des terres et du coût des voies d'accès. Par contre, au point de vue du peuplement rural, les résultats des ventes à bureau ouvert sont peu encourageants; le système facilite les spéculations et les fraudes, prépare la constitution de latifundia, ne fixe pas suffisamment l'acquéreur au sol. Aussi ne renonce-t-on pas complètement à la concession gratuite, qui permet de choisir avec soin les colons à installer dans les centres nouveaux et d'exercer sur eux un contrôle plus efficace.

Le nouveau décret permit de reprendre l'œuvre de la colonisation officielle et de la pousser très activement. Un effort considérable fut accompli, rappelant les périodes les plus actives et réparti sur les régions les plus variées, avec une tendance à s'étendre sur les parties des hauts plateaux considérées longtemps comme exclusivement pastorales et qui s'étaient révélées comme dotées d'une moyenne de pluies suffisante pour donner de bonnes récoltes de céréales.

 
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