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Au total, de 1904 à 1914, plus
de 50 millions ont été dépensés pour la création de
centres nouveaux, l'agrandissement des anciens centres et
l'établissement de voies de communication destinées à
desservir des régions colonisées par l'initiative privée;
59 nouveaux villages ont été créés, 140 centres anciens
agrandis, 151 lots de ferme créés. Les nouveaux territoires
ainsi constitués englobent près de 200 000 hectares, dont 53
000 concédés gratuitement et 128 000 vendus à bureau ouvert
pour un prix global de 19 millions. |
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LA POLITIQUE
INDIGÈNE |
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La politique indigène a évolué
dans un sens de plus en plus libéral. Les souvenirs des
heures de lutte et d'insurrection commençaient à s'effacer.
Il devenait possible de traiter les musulmans d'une manière
plus bienveillante et plus fraternelle, de leur faire
apprécier notre bonté après leur avoir fait sentir notre
force, de les associer enfin graduellement à la gestion des
affaires algériennes. Ce sont surtout M. Jules Cambon et M.
Jonnart qui ont instauré cette politique nouvelle.
En envoyant M. Cambon à Alger, M. Constans lui avait dit:
" On a fait la conquête militaire de l'Algérie, il
s'agit maintenant d'en faire la conquête morale. "
Assurément, la masse des indigènes prospérait en Algérie,
mais peut-être certains de nos administrateurs et de nos
colons ne ménageaient-ils pas assez leurs susceptibilités et
leurs intérêts : " Pour moi, dit M. Jules Cambon, j'ai
toujours pensé que le premier devoir du gouverneur général
est de resserrer les liens qui attachent à la France les
populations indigènes. Elles n'ont pas de représentant
auprès du gouvernement métropolitain; c'est le gouverneur
qui est leur représentant naturel, puisque c'est leur
existence qui est la justification de sa fonction. Aussi
estimai-je qu'il importait d'être très attentif à leurs
intérêts. " C'est dans cet esprit que, dans les
communes mixtes, les djemaâs de douars furent reconstituées
et leurs attributions augmentées; le gouverneur veilla à ce
que les ressources de l'impôt arabe fussent employées d'une
manière équitable. Les sociétés de prévoyance indigène
furent réorganisées par la loi du 14 avril 1893.
L'enseignement primaire indigène reçut une vive impulsion;
les médersas, destinées au recrutement des fonctionnaires
indigènes, furent vivifiées. Enfin M. Cambon assura aux
musulmans les bienfaits de l'assistance par des tournées
médicales effectuées dans les tribus et par la fondation
d'hôpitaux indigènes spéciaux en Kabylie et dans l'Aurès.
Des sages-femmes reçurent la mission de combattre les
préjugés et les méthodes barbares des matrones indigènes. |
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