En 1901, lorsque l'Algérie avait reçu la gestion de ses affaires,
l'œuvre de l'enseignement indigène était à peine ébauchée; de
1890 à 1900, la métropole lui avait consacré 9 millions; on
comptait 288 écoles primaires, fréquentées par 25 000 élèves.
Le budget colonial prit entièrement à sa charge les dépenses de
construction des écoles indigènes, dont une partie jusque-là
incombait aux communes; de 1901 à 1914, plus de 20 millions furent
dépensés; on compta 433 écoles et 45 000 élèves. Tout en
poursuivant la construction de nouvelles écoles, M. Jonnart
rechercha les moyens de mieux pénétrer les tribus, d'y propager
plus rapidement et plus sûrement, avec notre langue, quelques
notions élémentaires d'agriculture et d'hygiène, en recourant à
des installations plus rudimentaires, à un personnel auxiliaire
moins rétribué et à des méthodes d'enseignement plus pratiques.
On s'efforça de rendre les programmes plus simples, plus souples,
plus nettement orientés vers la formation de jeunes gens capables
d'évoluer dans leur milieu, plus aptes à y exercer leurs métiers
et leurs professions traditionnelles. On voulut en un mot de mieux
en mieux adapter le fonctionnement des écoles aux besoins
généraux de la population et aux besoins particuliers de chaque
contrée.
M. Jonnart tenta de faire revivre quelques-unes des industries
indigènes. Au musée des antiquités algériennes qu'avait créé
M. Cambon à Mustapha fut adjoint un musée d'art musulman, que M.
Stéphane Gsell organisa avec infiniment de science et de goût.
L'art des tapis, qui était en complète décadence, fut rénové
par la création d'écoles-ouvroirs; il en fut de même de la
céramique, de la broderie et de quelques autres industries, qui
redevinrent pour les indigènes une source de profits.
M. Jonnart voulut assurer aux indigènes l'assistance médicale sur
tous les points du territoire par des infirmeries indigènes très
simplement aménagées. On s'appliqua aussi à étendre les soins
médicaux à la partie féminine de la population, à créer des
cliniques pour les femmes en couches. Des tournées médicales et
des consultations gratuites furent organisées dans les douars; un
corps d'auxiliaires médicaux indigènes, collaborateurs du
médecin, fut créé. La lutte contre l'ophtalmie et le paludisme
fut scientifiquement organisée; des dispositions furent prises pour
prévenir les épidémies de variole et de typhus.
En même temps qu'on s'employait à protéger les musulmans contre
les fléaux qui les atteignaient, on poursuivait le développement
des sociétés indigènes de prévoyance, qui rendent de si grands
services et qui sont une des institutions les plus fécondes de
l'Algérie, car elles arment les cultivateurs contre deux maux
redoutables, la famine et l'usure.
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