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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   Dès 1908, il était question d'établir la conscription. Une commission fut nommée pour établir dans quelle mesure et par quels moyens il serait possible de tirer un meilleur parti des ressources en hommes de l'Afrique du Nord; elle conclut au développement du système de recrutement par voie d'engagements en modifiant la loi de 1903; à la mise en vigueur, parallèlement au système des engagements, d'un recrutement basé sur le principe de l'obligation du service, enfin à l'organisation des réserves. L'annonce de ces propositions provoqua une assez vive agitation aussi bien parmi les colons que parmi les indigènes; on vit même un millier d'indigènes de Tlemcen s'expatrier en Syrie. On passa outre néanmoins et deux décrets des 31 janvier et 3 février 1912 réalisèrent les réformes préconisées par la commission.
Le second décret imposait aux indigènes l'obligation du service militaire obligatoire, tempérée par la faculté du remplacement et la très faible proportion des appelés; le régime des appels n'était envisagé que comme un moyen de compléter le rendement des engagements dans la limite des besoins. " La sagesse et la prudence de cette méthode, disait l'exposé des motifs du décret de 1912, n'échappera pas aux Français d'Algérie, qui comprennent d'ailleurs les nécessités militaires auxquelles la métropole doit faire face et se font un devoir de reconnaître les intérêts supérieurs en cause. Les indigènes se plieront d'autant plus volontiers aux nouvelles formalités qu'elles ne constituent pas pour eux une charge et qu'en les acceptant avec le loyalisme dont ils ont donné maintes fois les preuves, ils se constitueront un titre de plus à la sollicitude du gouvernement, décidé à pratiquer à leur égard une politique de bienveillant libéralisme. "

L'application du service militaire obligatoire aux indigènes devait forcément amener une modification de leur statut. Une campagne très vive contre l'administration algérienne était d'ailleurs menée par MM. Paul Bourde et Philippe Millet dans le journal le Temps, par M. Albin Rozet au Parlement; on y représentait les indigènes algériens comme vivant sous un régime d'arbitraire, d'iniquité et de terreur; l'administration était prisonnière des colons et le demeurerait tant qu'on n'accorderait pas aux indigènes dans les divers conseils de la colonie une représentation sérieuse et suffisante. Un parti " jeune-algérien " commençait à se constituer; quatre mois après l'institution de la conscription, en juin 1912, ce groupe apporta à Paris un cahier de revendications politiques. De longs débats sur la politique algérienne eurent lieu à la Chambre des députés au début de 1914; l'ordre du jour du 9 février 1914, qui clôtura les débats, demandait au gouvernement " de réaliser à bref délai l'égalité fiscale, de modifier largement et d'améliorer le statut des indigènes, pour accorder à ceux-ci toutes les libertés compatibles avec la souveraineté française. "

 
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