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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Cependant les vols et les agressions contre nos postes et nos convois, enlèvements de troupeaux, assassinats de sentinelles, attentats contre les isolés, se multipliaient d'une manière de plus en plus inquiétante dans la région de la Zousfana. M. Jonnart, replacé à la tête du gouvernement général en mai 1903, était décidé à mettre un terme à cet état de choses. Il se rendit aussitôt dans le Sud-Ouest; au cours de sa tournée, le 31 mai, son escorte fut attaquée par les habitants de Zenaga, le principal des ksours de Figuig. Cet incident ne fit que hâter l'exécution des mesures de police prévues. Le 8 juin, le ksar de Zenaga fut bombardé et les habitants demandèrent l'aman. Mais la soumission des sédentaires ne réussit pas à mettre fin aux coups de main des nomades, comme en témoigna l'attaque du poste de Taghit (août 1903).
 

LE GÉNÉRAL LYAUTEY

 
C'est M. Jonnart qui appela dans l'Afrique du Nord le grand colonial qui devait pacifier et organiser le Maroc. Sur ses instances, le gouvernement se décida à confier le commandement de la subdivision d'Aïn-Sefra au colonel Lyautey, qui s'était déjà trouvé aux prises avec des difficultés analogues au Tonkin et à Madagascar et y avait fait ses preuves comme organisateur; bientôt après, on renforça encore sa situation en dotant la subdivision d'une organisation autonome; son chef fut investi de l'autorité directe sur toutes les troupes stationnées dans son commandement, sous le contrôle du ministre de la Guerre et du gouverneur général. M. Jonnart défendit énergiquement son collaborateur contre les bureaux des ministères et contre les embûches de toutes sortes; il le soutint et l'encouragea dans l'œuvre par laquelle il allait préluder, dans les confins algéro-marocains, à celle qu'il devait accomplir dans l'empire chérifien.
Il n'y a pas de plus grand nom que celui de Lyautey dans l'histoire de la France coloniale moderne, ni d'œuvre plus belle que la sienne. " Ses incomparables qualités de chef, dit le rapport précédant le décret qui lui conférait la dignité de maréchal de France, son sens de l'action, son autorité, sa méthode et ses succès ont fait de lui un des meilleurs artisans de la gloire française. " Il aime à se dire l'élève de Gallieni, qui fut lui-même l'élève de Faidherbe ; avec ces trois hommes s'est renouée dans notre pays la grande tradition coloniale. La guerre, telle que Lyautey l'a pratiquée pendant sept ans en Algérie et pendant quatorze ans au Maroc, c'est moins une guerre qu'une pénétration pacifique, où la manifestation de la force permet d'en éviter l'emploi. L'action politique précède, accompagne et suit l'action militaire. La conquête à faire, ce n'est pas celle du territoire : c'est celle des populations qui y vivent.
 
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