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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Le poste qui abrite un marché et la patrouille de goumiers qui nettoie la piste ont une action plus efficace que la colonne qui fait le vide et qu'on oublie dès qu'elle est passée. Le marché se complète par l'infirmerie et l'influence du médecin est inséparable de celle du soldat. C'est la doctrine de l'action régionale, dans laquelle les opérations militaires sont rares, énergiques sans doute, mais brèves, tandis que les actions politiques, économiques et médicales sont permanentes et progressives.
La rénovation des méthodes ne va pas sans une adaptation de l'outil. Les colonnes passaient et ne pacifiaient pas ; les troupes, dispersées ensuite dans les postes, y menaient une déprimante vie de garnison. Il fallait rendre à ces forces, calquées sur le modèle des troupes françaises et façonnées en vue de la guerre européenne, les caractéristiques des troupes d'Afrique, diminuer leurs besoins, alléger leurs convois, les doter d'éléments légers, aussi mobiles que l'adversaire. Il fallait les convaincre que, suivant le mot de Lyautey, on se garde par le mouvement et les organiser en conséquence. Bugeaud avait eu ses zouaves et ses turcos : Lyautey eut ses goums, ses groupes francs, ses compagnies de légion montée, ses pelotons de méharistes. Des groupes mobiles, reliant entre eux leur action et s'appuyant sur un petit nombre de grands postes fortement constitués et ravitaillés, purent désormais atteindre nos adversaires, jusque-là si difficilement saisissables.
 

L' OCCUPATION DE BÉCHAR (1903) ET DE BERGUENT (1904)

 
Le Sud-Oranais était le point de contact de la pénétration saharienne et de la pénétration marocaine. Dès la conquête des oasis, nous avions été amenés à utiliser la ligne de communication naturelle de la Zousfana et de la Saoura pour relier les régions nouvellement occupées au Sud de la province d'Oran. Mais on ne pouvait guère s'établir dans le fossé, c'est-à-dire dans la vallée de la Saoura, sans être obligé de s'assurer en même temps le talus qui le borde, c'est-à-dire la région des Ouled-Djerir et des Douï-Menia. Aussi, dès son arrivée à Aïn-Sefra, le général Lyautey prépara l'installation à l'Ouest du Djebel-Béchar d'un poste qui fut créé le 11 novembre 1903 et qui prit le nom de Colomb-Béchar. La constitution de groupes mobiles à action rayonnante dans les nouveaux postes de Colomb et de Forthassa permit de porter la ligne de protection à l'Ouest de la Zousfana et de supprimer progressivement les garnisons échelonnées dans toute la série des postes. Une action politique incessante s'exerçait en même temps sur les groupements de la frontière et amenait les Douï-Menia et les Ouled-Djerir à accepter notre juridiction. Les Beni-Guil se soumirent à leur tour et en 1904 un poste destiné à les protéger fut créé à Berguent, point d'eau situé dans l'Oued-Charef, à 4 kilomètres de Ras-el-Aïn.
 
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