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Le poste qui abrite un marché et
la patrouille de goumiers qui nettoie la piste ont une action
plus efficace que la colonne qui fait le vide et qu'on oublie
dès qu'elle est passée. Le marché se complète par
l'infirmerie et l'influence du médecin est inséparable de
celle du soldat. C'est la doctrine de l'action régionale,
dans laquelle les opérations militaires sont rares,
énergiques sans doute, mais brèves, tandis que les actions
politiques, économiques et médicales sont permanentes et
progressives.
La rénovation des méthodes ne va pas sans une adaptation de
l'outil. Les colonnes passaient et ne pacifiaient pas ; les
troupes, dispersées ensuite dans les postes, y menaient une
déprimante vie de garnison. Il fallait rendre à ces forces,
calquées sur le modèle des troupes françaises et
façonnées en vue de la guerre européenne, les
caractéristiques des troupes d'Afrique, diminuer leurs
besoins, alléger leurs convois, les doter d'éléments
légers, aussi mobiles que l'adversaire. Il fallait les
convaincre que, suivant le mot de Lyautey, on se garde par le
mouvement et les organiser en conséquence. Bugeaud avait eu
ses zouaves et ses turcos : Lyautey eut ses goums, ses groupes
francs, ses compagnies de légion montée, ses pelotons de
méharistes. Des groupes mobiles, reliant entre eux leur
action et s'appuyant sur un petit nombre de grands postes
fortement constitués et ravitaillés, purent désormais
atteindre nos adversaires, jusque-là si difficilement
saisissables. |
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L' OCCUPATION DE
BÉCHAR (1903) ET DE BERGUENT (1904) |
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Le Sud-Oranais était le point de
contact de la pénétration saharienne et de la pénétration
marocaine. Dès la conquête des oasis, nous avions été
amenés à utiliser la ligne de communication naturelle de la
Zousfana et de la Saoura pour relier les régions nouvellement
occupées au Sud de la province d'Oran. Mais on ne pouvait
guère s'établir dans le fossé, c'est-à-dire dans la
vallée de la Saoura, sans être obligé de s'assurer en même
temps le talus qui le borde, c'est-à-dire la région des
Ouled-Djerir et des Douï-Menia. Aussi, dès son arrivée à
Aïn-Sefra, le général Lyautey prépara l'installation à
l'Ouest du Djebel-Béchar d'un poste qui fut créé le 11
novembre 1903 et qui prit le nom de Colomb-Béchar. La
constitution de groupes mobiles à action rayonnante dans les
nouveaux postes de Colomb et de Forthassa permit de porter la
ligne de protection à l'Ouest de la Zousfana et de supprimer
progressivement les garnisons échelonnées dans toute la
série des postes. Une action politique incessante s'exerçait
en même temps sur les groupements de la frontière et amenait
les Douï-Menia et les Ouled-Djerir à accepter notre
juridiction. Les Beni-Guil se soumirent à leur tour et en
1904 un poste destiné à les protéger fut créé à Berguent,
point d'eau situé dans l'Oued-Charef, à 4 kilomètres de
Ras-el-Aïn. |
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