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En 1916 se constitua à Berlin
un Comité musulman pour l'indépendance de l'Algérie; il
était dirigé par un fils d'Abd-el-Kader, l'émir Ali. Mais
toute cette propagande ne donna pas les résultats
escomptés.
Le banditisme, qui a toujours existé à l'état endémique
dans les régions montagneuses et boisées de l'Algérie, se
développa pendant la guerre, qui avait amené, en même
temps que la diminution des effectifs militaires, la
mobilisation d'une partie des autorités de surveillance et
de répression. C'est surtout en 1915 que le fléau sévit
et qu'on observa une recrudescence de crimes et de délits
de droit commun, dont les indigènes furent victimes autant
et plus que les Européens. En 1916, la situation
s'améliora. Cependant, jusqu'à la fin de la guerre, en
particulier dans la province de Constantine, la sécurité
fut troublée à diverses reprises par des associations de
malfaiteurs, ayant à leur tête des soldats indigènes
déserteurs ou insoumis et des prisonniers évadés.
Un certain nombre d'incidents eurent pour cause première la
résistance au service militaire et à l'enrôlement des
travailleurs. Les deux plus sérieux furent l'affaire des
Beni-Chougran (octobre 1914) et l'affaire du Bellezma
(novembre 1916). Dans la région des Beni-Chougran, située
entre Perrégaux et Mascara, sous l'influence d'excitations
maraboutiques, une échauffourée sanglante se produisit à
l'occasion des opérations de recrutement. Dans le Bellezma,
les troubles eurent un caractère plus sérieux; le bordj de
Mac-Mahon, chef-lieu de la commune mixte d'Aïn-Touta, fut
assiégé, le sous-préfet de Batna et l'administrateur
assassinés, le village et la gare pillés. L'arrivée d'un
bataillon de Sénégalais empêcha le mouvement de
s'étendre. Les foyers d'agitation s'éteignirent, les
résistances tombèrent et ne dégénérèrent jamais en
insurrection. Dans l'ensemble, la bonne tenue de l'Algérie
fut remarquable. La guerre européenne de 1914 fournit en
quelque sorte la contre-épreuve de celle de 1870 : tandis
que la première avait été suivie d'une insurrection en
Algérie, la seconde montra à quel point les indigènes
s'étaient rapprochés de nous et considéraient leurs
intérêts comme solidaires des nôtres. |
LE SAHARA PENDANT
LA GUERRE |
Pendant une douzaine d'années,
de 1902 à 1914, le Sahara français avait joui d'une
tranquillité aussi parfaite que le comportaient le
caractère du pays et celui des habitants. Sans doute, des
rezzous l'avaient encore parcouru, mais aucun des postes que
nous y avions fondés, soit à la lisière de l'Afrique du
Nord, soit au cœur même de la zone désertique, n'avait
été sérieusement inquiété; leur ravitaillement s'était
effectué sans trop de difficultés et l'apprivoisement des
indigènes, Touaregs et autres, avait fait des progrès
remarquables. |
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