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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
  
En 1916 se constitua à Berlin un Comité musulman pour l'indépendance de l'Algérie; il était dirigé par un fils d'Abd-el-Kader, l'émir Ali. Mais toute cette propagande ne donna pas les résultats escomptés.
Le banditisme, qui a toujours existé à l'état endémique dans les régions montagneuses et boisées de l'Algérie, se développa pendant la guerre, qui avait amené, en même temps que la diminution des effectifs militaires, la mobilisation d'une partie des autorités de surveillance et de répression. C'est surtout en 1915 que le fléau sévit et qu'on observa une recrudescence de crimes et de délits de droit commun, dont les indigènes furent victimes autant et plus que les Européens. En 1916, la situation s'améliora. Cependant, jusqu'à la fin de la guerre, en particulier dans la province de Constantine, la sécurité fut troublée à diverses reprises par des associations de malfaiteurs, ayant à leur tête des soldats indigènes déserteurs ou insoumis et des prisonniers évadés.
Un certain nombre d'incidents eurent pour cause première la résistance au service militaire et à l'enrôlement des travailleurs. Les deux plus sérieux furent l'affaire des Beni-Chougran (octobre 1914) et l'affaire du Bellezma (novembre 1916). Dans la région des Beni-Chougran, située entre Perrégaux et Mascara, sous l'influence d'excitations maraboutiques, une échauffourée sanglante se produisit à l'occasion des opérations de recrutement. Dans le Bellezma, les troubles eurent un caractère plus sérieux; le bordj de Mac-Mahon, chef-lieu de la commune mixte d'Aïn-Touta, fut assiégé, le sous-préfet de Batna et l'administrateur assassinés, le village et la gare pillés. L'arrivée d'un bataillon de Sénégalais empêcha le mouvement de s'étendre. Les foyers d'agitation s'éteignirent, les résistances tombèrent et ne dégénérèrent jamais en insurrection. Dans l'ensemble, la bonne tenue de l'Algérie fut remarquable. La guerre européenne de 1914 fournit en quelque sorte la contre-épreuve de celle de 1870 : tandis que la première avait été suivie d'une insurrection en Algérie, la seconde montra à quel point les indigènes s'étaient rapprochés de nous et considéraient leurs intérêts comme solidaires des nôtres.

LE SAHARA PENDANT LA GUERRE

Pendant une douzaine d'années, de 1902 à 1914, le Sahara français avait joui d'une tranquillité aussi parfaite que le comportaient le caractère du pays et celui des habitants. Sans doute, des rezzous l'avaient encore parcouru, mais aucun des postes que nous y avions fondés, soit à la lisière de l'Afrique du Nord, soit au cœur même de la zone désertique, n'avait été sérieusement inquiété; leur ravitaillement s'était effectué sans trop de difficultés et l'apprivoisement des indigènes, Touaregs et autres, avait fait des progrès remarquables.
 
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