Dès la fin de 1917, le Sahara et ses habitants
n'inspiraient plus d'inquiétudes. L'année 1918 marqua la
fin de l'agitation que la guerre y avait fait naître et que
l'appui donné par les Germano-Turcs aux contingents
tripolitains avait réussi à y propager. La situation
redevint tout à fait comparable à ce qu'elle était en
1914. La question du Sahara central ne fut plus qu'une
question de police locale, pour laquelle nous disposions,
avec les Compagnies sahariennes, d'un outil parfaitement
adapté au milieu.
Dans le Sahara occidental, de graves événements se
produisirent au Tafilelt en 1918. Le chérif
Mohammed-Semlali fit assassiner la mission française
établie à Tighmart et souleva les Ait-Atta. Le 9 août
1918, un combat malheureux eut lieu à Gaouz dans une des
palmeraies du Tafilelt ; l'insurrection menaçait de
s'étendre; on fit appel à des forces empruntées à
l'Algérie, mais c'est seulement en janvier 1919 que les
harkas se dispersèrent et que la résistance fut brisée.
On ne se décida pas d'ailleurs à occuper le Tafilelt et on
résolut d'attendre la fin de la guerre pour cette
opération.
Grâce au chef exceptionnel que fut le général Lyautey,
grâce à des prodiges sans cesse renouvelés d'habileté
politique et de valeur militaire, l'armature avait tenu bon
au Maroc, aussi bien qu'en Tunisie et au Sahara. On
n'imagine que trop ce qui serait arrivé si nous avions
lâché pied dans l'empire chérifien; l'incendie, comme
l'espéraient les Allemands, aurait pu gagner l'Algérie, la
Tunisie, tous nos pays musulmans. |