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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
  

LES SOLDATS ET LES TRAVAILLEURS INDIGÈNES

 
Non seulement l'Algérie n'a pas été pour la France pendant la guerre une cause de fai­blesse et une source de difficultés, mais elle a apporté à la métropole un concours militaire des plus précieux; elle a aidé la mère-patrie dans la grande crise en lui fournissant des soldats et des travailleurs.

Il n'y a pas lieu d'insister sur les contingents européens; tous les hommes valides furent mobilisés, comme en France, et utilisés tant sur le front français que sur le front d'Orient; les effectifs français atteignirent 155 000 hommes, dont 1 15 000 quittèrent l'Algérie; les pertes s'élevèrent à 22 000 hommes. Pour les indigènes, au moment de l'ouverture des hostilités, le système du recrutement entrait à peine en application et sous une forme très atténuée; on n'appelait que 2 500 hommes sur un contingent de 45 000. Au cours de la guerre, en même temps que les engagements étaient poussés à outrance, le nombre des appelés était augmenté. Le décret du 7 septembre 1916 soumit les indigènes à un régime qui se rapprochait sensiblement de celui des Français d'origine. Sous la pression des événements, il était devenu indispensable d'intensifier le recrutement; en 1917 et en 1918, on eut recours à l'incorporation complète du contingent et à l'appel total des classes, combattants et auxiliaires. A partir de 1918, le droit au remplacement fut suspendu, comme le prévoyait le décret de 1916. Au total, en tenant compte des effectifs existant au 1er août 1914, l'Algérie indigène a fourni pendant la guerre 173 000 hommes, dont 83 000 appelés, 87 000 engagés et 3 000 réservistes, soit environ 3,6 pour 100 de la population indigène. Les pertes, très inférieures dans l'ensemble à celles des Français, s'élevèrent à 25 000 hommes. On attribua aux familles des indigènes mobilisés les mêmes allocations qu'aux familles françaises : 1 fr. 25 par jour, plus 50 centimes par enfant. Cette allocation assura la subsistance de beaucoup de familles indigènes et, étant donné leur sobriété, il en résulta pour elles un réel enrichissement. Les sommes ainsi distribuées s'élevèrent à 70 millions.

Sur la Marne, sur l'Yser, sur la Somme, à Verdun, les troupes indigènes ont fait l'admiration du monde, soient qu'elles aient combattu sous les drapeaux de leurs régiments, soit que leurs bataillons aient concouru avec des bataillons de zouaves à constituer des régiments mixtes. Les Allemands mirent tout en oeuvre pour amener les prisonniers indigènes à prendre du service dans l'armée turque.

 
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