Non seulement l'Algérie n'a
pas été pour la France pendant la guerre une cause de
faiblesse et une source de difficultés, mais elle a
apporté à la métropole un concours militaire des plus
précieux; elle a aidé la mère-patrie dans la grande crise
en lui fournissant des soldats et des travailleurs.
Il n'y a pas lieu d'insister sur les contingents
européens; tous les hommes valides furent mobilisés, comme
en France, et utilisés tant sur le front français que sur
le front d'Orient; les effectifs français atteignirent 155
000 hommes, dont 1 15 000 quittèrent l'Algérie; les pertes
s'élevèrent à 22 000 hommes. Pour les indigènes, au
moment de l'ouverture des hostilités, le système du
recrutement entrait à peine en application et sous une
forme très atténuée; on n'appelait que 2 500 hommes sur
un contingent de 45 000. Au cours de la guerre, en même
temps que les engagements étaient poussés à outrance, le
nombre des appelés était augmenté. Le décret du 7
septembre 1916 soumit les indigènes à un régime qui se
rapprochait sensiblement de celui des Français d'origine.
Sous la pression des événements, il était devenu
indispensable d'intensifier le recrutement; en 1917 et en
1918, on eut recours à l'incorporation complète du
contingent et à l'appel total des classes, combattants et
auxiliaires. A partir de 1918, le droit au remplacement fut
suspendu, comme le prévoyait le décret de 1916. Au total,
en tenant compte des effectifs existant au 1er août 1914,
l'Algérie indigène a fourni pendant la guerre 173 000
hommes, dont 83 000 appelés, 87 000 engagés et 3 000
réservistes, soit environ 3,6 pour 100 de la population
indigène. Les pertes, très inférieures dans l'ensemble à
celles des Français, s'élevèrent à 25 000 hommes. On
attribua aux familles des indigènes mobilisés les mêmes
allocations qu'aux familles françaises : 1 fr. 25 par jour,
plus 50 centimes par enfant. Cette allocation assura la
subsistance de beaucoup de familles indigènes et, étant
donné leur sobriété, il en résulta pour elles un réel
enrichissement. Les sommes ainsi distribuées s'élevèrent
à 70 millions.
Sur la Marne, sur l'Yser, sur la Somme, à Verdun, les
troupes indigènes ont fait l'admiration du monde, soient
qu'elles aient combattu sous les drapeaux de leurs
régiments, soit que leurs bataillons aient concouru avec
des bataillons de zouaves à constituer des régiments
mixtes. Les Allemands mirent tout en oeuvre pour amener les
prisonniers indigènes à prendre du service dans l'armée
turque. |