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La plupart furent internés au
Camp-du-Croissant, à Zossen, près de Berlin ; séparés de
leurs officiers, commandés par des officiers allemands
parlant l'arabe, ils furent l'objet des attentions les plus
flatteuses; on leur fit la cuisine selon leurs rites et
leurs goûts ; on les combla de promesses et d'argent; on
leur construisit une mosquée; la séduction alternait avec
la brutalité. Ces tentatives de débauchage eurent peu de
succès et se heurtèrent en général à de très vives
résistances.
L'Algérie indigène pendant la guerre ne fournit pas
seulement des soldats, mais aussi des travailleurs pour les
usines. Dès 1907, un mouvement d'émigration de
travailleurs vers la France s'était dessiné dans la
population de la Kabylie, région montagneuse et
surpeuplée, habitée par des indigènes énergiques et
très âpres au gain. A côté des colporteurs kabyles, de
plus en plus nombreux, qu'on trouvait à Paris, à
Marseille, à Lyon et dans la France entière, on
rencontrait des indigènes dans certains établissements
industriels et miniers, notamment dans le bassin houiller du
Pas-de-Calais. Le nombre des émigrants s'accroissait
d'année en année ; une enquête effectuée en 1914
évaluait leur nombre à 1 000 environ, dont 7 500 dans les
mines du Pas-de-Calais. Dès le début de la guerre, les
indigènes s'employèrent dans les usines de munitions, où
les attiraient des salaires rémunérateurs ; on songea
bientôt à régulariser et à accroître cet exode. Le
décret du 14 septembre 1916 prévoyait le recrutement par
voie d'embauchage volontaire et à défaut par voie de
réquisition de travailleurs algériens pour les usines de
guerre. Afin de ne pas nuire aux engagements militaires, ils
devaient être choisis parmi les hommes des classes
antérieures à la classe 1915. Le recrutement des
travailleurs, comme celui des soldats, donna des résultats
très inégaux suivant les régions, tant au point de vue du
nombre qu'au point de vue de la valeur. Certaines
populations, déjà habituées à l'émigration, s'y
prêtèrent d'assez bonne grâce; d'autres s'effrayèrent et
cet effort, demandé au moment même où on levait
intégralement la classe 1917, portant sur des hommes déjà
âgés et pères de famille, parait avoir été la
principale cause des incidents de la province de
Constantine. Au total, l'Algérie fournit pendant la guerre
89 000 travailleurs recrutés administrativement; si l'on y
ajoute les travailleurs libres, on arrive, d'après les
estimations les plus dignes de foi, au chiffre de 119 000. |
LA VIE
ÉCONOMIQUE DE L'ALGÉRIE PENDANT LA GUERRE |
En raison de sa situation
géographique, l'Algérie a surtout souffert pendant la
guerre de la difficulté des communications maritimes. La
guerre sous-marine, au moyen de laquelle l'Allemagne
s'efforça d'entraver le ravitaillement des puissances de
l'Entente et finalement de détruire |
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