A partir de 1917, ce n'est qu'avec beaucoup de peine également
qu'on obtint le pétrole et l'essence nécessaires.
L'isolement forcé de l'Algérie pendant la guerre et
l'élévation du prix des frets l'amenèrent à rechercher dans son
sol ou son sous-sol des ressources encore inexploitées, à
installer ou à développer un certain nombre d'industries. On
rechercha sans grand succès des combustibles minéraux, dont
l'Algérie s'est montrée jusqu'ici à peu près totalement
dépourvue. La hausse du prix du charbon permit de reprendre
l'exploitation des lignites de Marceau et de Smendou ; le petit
gisement houiller de Kenadsa, à 20 kilomètres de Colomb-Béchar,
fut aménagé et donna 5 à 6 000 tonnes. Les gisements
pétrolifères de la région de Relizane fournirent quelques
milliers de tonnes de pétrole brut. L'industrie de la minoterie et
celle des pâtes alimentaires prirent un remarquable essor. En même
temps que s'étendaient les plantations de tabac, les manufactures
connaissaient une très grande activité. La production de l'alcool
s'accrut en raison des obstacles que rencontrait l'exportation des
vins. La difficulté de transporter des animaux vivants amena la
création d'une usine frigorifique à Maison-Carrée. Une laverie de
laines fut installée à Hussein-Dey. Dans la région d'Alger se
créèrent quelques usines pour la fabrication du matériel de
guerre. Les empêchements rencontrés pour l'exportation de l'alfa
firent étudier la création d'usines pour la fabrication de la
pâte à papier.
Pays avant tout agricole, c'est par les produits de la terre que
l'Algérie pouvait venir le plus efficacement en aide à la France;
elle n'y a pas manqué. Elle fournit à la métropole pendant les
années de guerre des quantités de blé, d'orge et d'avoine qui
varièrent suivant les récoltes, mais qui furent toujours
importantes. La récolte de 1918 fut magnifique et laissa un
excédent de 7 à 8 millions de quintaux de céréales, qui furent
achetés par l'intendance et jouèrent un rôle important dans la
victoire française; c'est en effet grâce à cette récolte que
tous les transports maritimes purent être consacrés à amener les
troupes américaines avec une rapidité qui avança d'un an la fin
de la guerre, épargnant des pertes énormes en capitaux et en vies
humaines. La récolte des vins, variable elle aussi, fut en moyenne
de 7 à 8 millions d'hectolitres, s'élevant à 10 millions en 1914,
s'abaissant à 5 millions en 1915; les hauts prix des vins
procurèrent aux colons algériens des bénéfices remarquables,
mais leur transport rencontra pendant toute la durée des
hostilités les plus graves difficultés; on y remédia en partie
par la distillation, qui réduisait le volume à transporter dans la
proportion des neuf dixièmes.
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