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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
  
Beaucoup d'autres denrées alimentaires furent fournies par l'Algérie à la métropole, notamment les fèves, l'huile d'olive, les dattes, les figues, les oeufs. Les moutons algériens (800 000 têtes par an) furent l'objet d'un important commerce, ainsi que les bœufs, les chevaux, les mulets, les ânes, les laines, les cuirs et les peaux. Le tabac profita largement de la guerre, la régie française achetant la plus grande partie de la récolte en feuilles et absorbant aussi beaucoup des produits des manufactures. En revanche, les lièges, les alfas, les produits miniers, par suite du manque de main-d'œuvre et surtout de la rareté du tonnage, réservé à des matières plus immédiatement utiles, furent victimes d'une stagnation et d'un arrêt presque complets, qui allèrent en s'accentuant à mesure que la guerre se prolongeait.
Le commerce de l'Algérie, malgré le manque de main-d'œuvre, de personnel de direction, de crédit, de matières premières, de transports maritimes, conserva pendant la guerre une certaine activité, quoique son volume total ait suivi une courbe descendante de 1913 à 1918, la diminution portant surtout sur les importations, qui furent toujours inférieures aux exportations pendant cette période. Les oscillations du trafic pendant les hostilités furent d'ailleurs indépendantes des influences d'ordre économique; elles n'eurent d'autre régulateur que les besoins de la défense nationale et les nécessités immédiates de la vie courante, commandées à leur tour par le resserrement des ressources, l'élévation des taux des frets et des assurances, la précarité des moyens de transports. La France s'aperçut pendant la guerre que l'Algérie constituait pour elle un marché de produits alimentaires et de matières premières qu'elle avait trop peu utilisé et dont elle ne soupçonnait pas l'importance.
 

LES EUROPÉENS ET LA CRISE DE LA COLONISATION

 
Les diverses catégories de populations qui sont en présence en Algérie ont inégalement souffert et inégalement profité de la guerre. Elle a éclairci les rangs des colons algériens comme ceux des paysans français. En outre, l'immigration s'est arrêtée et la natalité a baissé. L'élément européen n'a donc pas réalisé les gains qu'il aurait obtenus dans des conditions normales. Les pertes en vies humaines ont été sensiblement égales chez les Européens (22 000) et chez les indigènes (25 000), mais non équivalentes, puisque l'élément indigène est cinq fois plus nombreux. La population européenne, qui, de 1901 à 1911, avait augmenté de plus de 100 000 âmes, n'en a gagné que 40 000 de 1911 à 1921. Une des conséquences les plus frappantes de la guerre, c'est que l'accroissement de la population euro­péenne a profité uniquement aux villes, qui ont absorbé la totalité de l'augmentation.
 
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