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Beaucoup d'autres denrées
alimentaires furent fournies par l'Algérie à la
métropole, notamment les fèves, l'huile d'olive, les
dattes, les figues, les oeufs. Les moutons algériens (800
000 têtes par an) furent l'objet d'un important commerce,
ainsi que les bœufs, les chevaux, les mulets, les ânes,
les laines, les cuirs et les peaux. Le tabac profita
largement de la guerre, la régie française achetant la
plus grande partie de la récolte en feuilles et absorbant
aussi beaucoup des produits des manufactures. En revanche,
les lièges, les alfas, les produits miniers, par suite du
manque de main-d'œuvre et surtout de la rareté du tonnage,
réservé à des matières plus immédiatement utiles,
furent victimes d'une stagnation et d'un arrêt presque
complets, qui allèrent en s'accentuant à mesure que la
guerre se prolongeait.
Le commerce de l'Algérie, malgré le manque de main-d'œuvre,
de personnel de direction, de crédit, de matières
premières, de transports maritimes, conserva pendant la
guerre une certaine activité, quoique son volume total ait
suivi une courbe descendante de 1913 à 1918, la diminution
portant surtout sur les importations, qui furent toujours
inférieures aux exportations pendant cette période. Les
oscillations du trafic pendant les hostilités furent
d'ailleurs indépendantes des influences d'ordre
économique; elles n'eurent d'autre régulateur que les
besoins de la défense nationale et les nécessités
immédiates de la vie courante, commandées à leur tour par
le resserrement des ressources, l'élévation des taux des
frets et des assurances, la précarité des moyens de
transports. La France s'aperçut pendant la guerre que
l'Algérie constituait pour elle un marché de produits
alimentaires et de matières premières qu'elle avait trop
peu utilisé et dont elle ne soupçonnait pas l'importance. |
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LES EUROPÉENS ET
LA CRISE DE LA COLONISATION |
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Les diverses catégories de
populations qui sont en présence en Algérie ont
inégalement souffert et inégalement profité de la guerre.
Elle a éclairci les rangs des colons algériens comme ceux
des paysans français. En outre, l'immigration s'est
arrêtée et la natalité a baissé. L'élément européen
n'a donc pas réalisé les gains qu'il aurait obtenus dans
des conditions normales. Les pertes en vies humaines ont
été sensiblement égales chez les Européens (22 000) et
chez les indigènes (25 000), mais non équivalentes,
puisque l'élément indigène est cinq fois plus nombreux.
La population européenne, qui, de 1901 à 1911, avait
augmenté de plus de 100 000 âmes, n'en a gagné que 40 000
de 1911 à 1921. Une des conséquences les plus frappantes
de la guerre, c'est que l'accroissement de la population
européenne a profité uniquement aux villes, qui ont
absorbé la totalité de l'augmentation. |
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