Le caractère de M. Jonnart, son expérience de
l'administration et de la politique algériennes, auxquelles
il était si intimement mêlé depuis quarante-deux ans,
étaient un sûr garant qu'il n'aurait pas collaboré à
l'application de réformes qu'il eût désapprouvées et
qu'il eût jugées de nature à soulever un antagonisme
entre les colons et les indigènes. La guerre avait été
pour les indigènes la pierre de touche, l'épreuve
décisive de leur loyalisme; il convenait de les rapprocher
de plus en plus de la famille française, de les associer de
plus en plus étroitement à nos destinées.
Des considérations internationales venaient d'ailleurs
s'ajouter aux arguments d'équité et de justice; il fallait
que, le jour où les plénipotentiaires des pays
belligérants se réuniraient en conférence pour mettre fin
à l'horrible mêlée, nous pussions faire état avec
orgueil de notre générosité envers les musulmans
algériens. Cependant les réformes projetées rencontraient
dans les assemblées de la colonie des résistances et des
appréhensions ; le gouverneur dut déployer de grands
efforts pour vaincre leurs hésitations et leurs objections
; les adversaires des réformes ne se sont pas trompés sur
son rôle en cette circonstance lorsqu'ils ont donné à la
loi qui les réalisait le nom de « loi Jonnart ». |