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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
   Ce statut intermédiaire entre celui du sujet français et celui du citoyen français était la partie vraiment originale de la réforme de 1919. Quant aux indigènes qui désiraient devenir citoyens français, la loi ajouta encore aux facilités déjà très grandes que leur donnait le sénatus-consulte de 1865 ; l'attribution de cette qualité ne leur était plus concédée par l'administration à titre de don qu'elle était toujours libre de refuser : désormais, une simple déclaration suffisait à ceux qui remplissaient les conditions nécessaires et c'était à l'autorité judiciaire qu'il appartenait de recevoir cette déclaration et de vérifier si ces conditions étaient remplies.

La conservation du statut personnel musulman ne faisait nullement obstacle à ce que les indigènes pussent participer à la vie publique locale; la loi nouvelle spécifia en conséquence qu'ils devaient être représentés dans toutes les assemblées délibérantes de l'Algérie, délégations financières, conseils généraux, conseil supérieur, conseils municipaux, commissions municipales, djemaâs de douars, par des membres élus siégeant au même titre et avec les mêmes droits que les citoyens français. C'était le corollaire logique de la réforme fiscale. De même qu'il était juste que les recettes des divers budgets fussent fournies dans la propor­tion de leurs forces contributives aussi bien par les Français que par les indigènes, de même il fallait que ceux-ci fussent appelés, par l'intermédiaire de représentants élus par eux et indépendants, à voter et à contrôler les dépenses.
Enfin, autre réforme capitale, les djemaâs de douars furent reconstituées dans les communes de plein exercice par la loi du 1er août 1918. C'était un acte de justice et de bonne administration. La djemaâ, c'est-à-dire la représentation du douar, est, parmi les institutions anciennes des indigènes, celle qui symbolise le mieux à leurs yeux les franchises séculaires. Elle protège et sauvegarde les biens communaux des douars, leurs pâturages, leurs terrains de parcours; elle allait reprendre la maîtrise des prestations et des revenus du douar pour les affecter à des travaux d'utilité publique intéressant le petit groupement. Dans les communes mixtes, où les djemaâs étaient auparavant composées de notables désignés par les préfets et placées sous la présidence de chefs indigènes également nommés par l'administration, elles furent désormais élues par la population et choisirent elles-mêmes leurs présidents.
La loi spécifiait expressément que les conseillers municipaux indigènes participeraient désormais à l'élection des maires et des adjoints dans les communes de plein exercice. C'est sur ce point que M. Jonnart avait rencontré en Algérie les plus vives résistances; il avait dû user de son ascendant personnel sur les repré­sentants de colons pour en triompher.

 
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