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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
   La mesure était cependant justifiée. Si l'on voulait voir les municipalités témoigner d'une égale sollicitude pour tous les habi­tants de la circonscription communale, il fallait que les conseillers municipaux indigènes ne fussent pas traités en parents pauvres et que leur action sur le choix des maires et des adjoints leur permît de défendre plus efficacement les intérêts de leurs commettants. Dès l'instant qu'on estimait que des considérations d'équité et de prévoyance commandaient d'initier plus complètement les indigènes à la vie publique, de leur donner un droit de contrôle sur la gestion des affaires locales, il fallait en toute loyauté leur assurer une représentation sérieuse, suffisante, placée sur le même pied que la représentation des Européens.
Le nombre des électeurs indigènes fut considérablement accru par les réformes de 1919. Depuis vingt-cinq ans, une série de décrets avaient élargi les cadres de l'électorat indigène, pendant que des arrêtés du gouverneur étendaient les catégories d'indigènes soustraites aux lois de l'indigénat et aux juridictions exceptionnelles. L'électorat et l'éligibilité étaient désormais conférés à tous les indigènes âgés de vingt-cinq ans qui avaient servi dans l'armée, étaient propriétaires ou commerçants, exerçaient une fonction publique ou étaient pourvus d'un diplôme universitaire. Le droit de suffrage, dans ces conditions, était accordé à 100 000 électeurs pour les Délégations financières, tandis qu'ils n'étaient pas plus de 15 000 auparavant, à plus de 400 000 électeurs pour les conseils municipaux et les djemaâs.

Les réformes de 1919 assuraient à la population musulmane de l'Algérie toutes les garanties nécessaires au respect et au développement de ses intérêts, sans aller jusqu'à une assimilation qu'elle ne désirait pas et qui eût profondément troublé ses habitudes. Elles constituaient une marque de confiance envers les indigènes, en même temps qu'elles montraient une fois de plus au monde musulman que le gouvernement français demeurait fidèle à ses principes d'humanité et de progrès. La participation des indigènes à la guerre, les services qu'ils avaient rendus à la France, avaient noué entre eux et nous de puissants liens. Soumis désormais au même régime fiscal que les Français, payant comme eux l'impôt du sang, ayant comme eux défendu la patrie commune, les musulmans algériens devaient être admis à prendre une part plus large à la gestion des intérêts collectifs, sans rien compromettre de l'hégémonie française.

 
     
 
 
 

 

 
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